“Je fais confiance aux catholiques de France pour qu’ils saisissent le meilleur de leur héritage afin de prendre leur part dans la construction de l’Église universelle” Saint Jean-Paul II à la veille des JMJ de Paris

“Je fais confiance aux catholiques de France pour qu’ils saisissent le meilleur de leur héritage afin de prendre leur part dans la construction de l’Église universelle” Saint Jean-Paul II à la veille des JMJ de Paris

Au début du mois de mars 1997, la direction de « La Croix » avait fait connaître au Vatican son désir d’obtenir un entretien exclusif avec le Saint-Père à l’occasion des prochaines Journées mondiales de la jeunesse et avait obtenu début juillet l’accord de principe pour faire parvenir ses questions à Rome. Jean-Paul II, après les avoir étudiées personnellement pendant ses vacances dans le Val d’Aoste ainsi qu’avec ses collaborateurs, avait remis ses réponses aux journalistes lors d’une audience privée au Vatican, le 13 août. Elles ont été publiées dans l’édition du 20 août 1997.

Morceaux choisis : 

Les jeunes portent en eux un idéal de vie ; ils ont soif de bonheur. Par leur démarche et leur enthousiasme, les jeunes nous rappellent que la vie ne peut pas être simplement une recherche de richesse, de bien-être ou d’honneurs. Ils nous révèlent une aspiration plus profonde que porte en lui tout homme, un désir de vie intérieure et de rencontre avec le Seigneur qui frappe à la porte de notre cœur pour nous donner sa vie et son amour. Dieu seul peut combler le désir de l’homme. En Lui seul les valeurs fondamentales prennent leur source et leur sens ultime.

Tous les choix n’ont pas la même valeur, bien que, selon la mentalité dominante, tout se vaille, indépendamment du sens moral des actes. Les jeunes sont parfois entraînés dans cette confusion, mais ils savent aussi réagir ; ils ne cessent de dire qu’ils attendent des adultes un témoignage de vie belle et droite.

Les jeunes nous invitent donc à nous convertir personnellement, car nous avons à leur proposer une vie humaine et une vie chrétienne conformes à notre véritable nature et à notre union au Christ par le baptême.

Ils sont attachés à la famille, à l’amour vrai et à la fidélité. Ils sont aussi naturellement ouverts à la rencontre avec leurs frères et sœurs d’autres confessions religieuses et d’autres nations. Si les jeunes n’étaient pas témoins de l’espérance, seraient-ils jeunes ? Je sais qu’ils sont souvent préoccupés par leur avenir professionnel, que beaucoup d’entre eux ont du mal à trouver l’unité et le sens de leur vie.

J’attends d’eux qu’ils mobilisent leur générosité, leur intelligence et leur énergie pour rendre le monde plus hospitalier pour tous, qu’ils se mettent au service du bonheur et de la dignité de leurs frères et sœurs ; qu’ils sachent que se porter vers les autres sera pour eux une source d’épanouissement.

J’attends des jeunes chrétiens qu’ils découvrent de plus en plus « la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur » du mystère du Christ (Ep 3,18) et la beauté de leur condition de fils de Dieu, qu’ils jouent pleinement leur rôle actif et responsable dans l’Église et dans la société, qu’ils soient des témoins convaincants de l’Amour dont Dieu nous aime en faisant eux-mêmes de leur vie un don.

L’an dernier, je venais en pèlerin dans plusieurs régions de France, notamment pour les commémorations de saint Martin et du baptême de Clovis. Cette année, je viens pour rencontrer la jeunesse du monde, accueillie par la France pour la Journée mondiale que l’Église de votre pays prépare avec enthousiasme ; ce qui me réjouit profondément. Cela montre le dynamisme et les qualités d’ouverture des catholiques de France.

Je me souviens que, lors de mon pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray, le thème choisi pour le rassemblement des fidèles de l’Ouest était « Héritiers et bâtisseurs ». Cela suggère ce que beaucoup attendent des catholiques de France : comme je l’ai souvent dit, vous êtes les héritiers d’une des plus longues histoires dans l’Église et d’un des patrimoines religieux les plus riches : trésors de sainteté, de courage pour l’évangélisation missionnaire, de réflexion théologique et d’initiative pastorale.

Les personnalités que vous citez, la grande sainte Thérèse de Lisieux, dont on célèbre cette année le centenaire de la mort, ou Frédéric Ozanam qui va être béatifié, en sont l’illustration, parmi de nombreux autres saints et bienheureux de toutes les époques. Votre passé comporte ses parts d’ombre et de souffrances, c’est vrai, mais bien des traits de lumière continuent de resplendir aux yeux du monde. Au cours de ce siècle, des penseurs, des romanciers et des poètes chrétiens ont étendu le rayonnement de la culture catholique de votre pays sur tous les continents.

Maintenant, soyez dans la cité des bâtisseurs d’un monde de paix et de solidarité fraternelle, soyez des membres vivants de l’édifice spirituel dont le Christ est la pierre d’angle. Je sais que l’Église en France, comme ailleurs notamment en Occident, connaît une chute de la pratique religieuse et la diminution des vocations sacerdotales ou religieuses ; cela veut dire qu’elle passe par l’épreuve de la Croix et doit se rappeler que nul n’est plus grand que son Maître (Jn 13, 16) !

Mais vous devez vivre cet appauvrissement comme une purification et, en un sens, un stimulant. Chez vous, j’en reçois constamment le témoignage, les signes de vitalité ne manquent pas, depuis la fidélité courageuse des aînés jusqu’au dynamisme des jeunes. Dans l’espérance, je fais confiance aux catholiques de France pour qu’ils saisissent le meilleur de leur héritage afin de prendre plus vigoureusement que jamais leur part dans la construction jamais achevée de l’Église universelle, le vaste édifice où chaque peuple reflète selon son génie propre l’unique visage du Christ.

Dans quelques jours, les jeunes des cinq continents sauront bien vous faire percevoir ce qu’ils attendent de vous, les catholiques de France.

Le texte est à retrouver en intégralité ici.

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