A l’occasion de la crise des abus sexuels, Le Point a ressorti Mgr Gaillot de la naphtaline… Ce dernier est invité à s’exprimer sur le pape et on le découvre un peu déçu :
Je suis à fond avec le pape François qui porte le printemps de l’Évangile. Cela ne m’empêche pas de le critiquer quand il a des paroles que je trouve regrettables : ainsi, à propos de son soutien à des évêques pendant son voyage au Chili, de son appréciation sur le « genre », de sa réflexion sur les homosexuels…
En quoi ce pape restera-t-il dans l’histoire ?
Il restera pour moi le pape de l’ouverture, franchissant les frontières en donnant la main aux migrants.
Y a-t-il des moments où il vous déçoit ?
Hélas, oui ! En ce moment, je suis déçu de voir que les réformes de fond se font toujours attendre. Le droit de l’Église reste inchangé. La réforme de la curie romaine n’est toujours pas faite.
Comprenez-vous qu’il déçoive ?
Je m’y résous ! Il est pris sans doute par ces problèmes de pédophilie qui n’en finissent pas ! Il a le souci de l’unité et ne veut pas provoquer de schisme, il est prudent. Mais il en est à la sixième année de son pontificat. C’est maintenant ou jamais qu’il faut agir.
Est-il entravé dans son action par un pouvoir gay omniprésent au Vatican, comme le soutient le journaliste et chercheur Frédéric Martel dans son livre Sodoma ?
Je n’ai pas lu ce livre, mais je me souviens du titre d’un autre, François au milieu des loups. Le pape a des ennemis. Des cardinaux expriment leurs désaccords avec lui. Que François puisse rester un homme libre au Vatican relève de l’exploit ! Mais l’existence d’un « pouvoir gay omniprésent » au Vatican me surprend et me laisse perplexe.
Les réactionnaires sont-ils en train de gagner au sommet de l’Église ?
Je ne l’espère pas. J’attends de la part de François des initiatives qui surprendront. François d’Assise, dont il a pris le nom, fut un réformateur radical de l’Évangile.