Bertrand du Boullay – Le chrétien serait-il devenu un soumis ?

Bertrand du Boullay – Le chrétien serait-il devenu un soumis ?

Nous avons donné ces derniers temps divers points de vue de catholiques sur le message du pape François pour la journée du migrant. Certains lecteurs ont été surpris qu’on puisse se dire catholique et s’interroger sur les propos du pape. Pour répondre à cette interrogation nous vous proposons la tribune de Bertrand du Boullay qui revendique un certain droit à l’étonnement.

 

 

De Gustave Thibon : « Le vrai traditionaliste n’est pas conservateur dans ce sens qu’il sait dans la tradition distinguer les éléments caducs des éléments essentiels, qu’il veille sans cesse à ne pas sacrifier l’esprit à la lettre et qu’il s’adapte à son époque, non pour s’y soumettre servilement mais pour en adopter les bienfaits en luttant contre ses déviations et ses abus. Telle fut l’œuvre de la monarchie française au long des siècles. Tout tient dans cette formule de Simone Weil : “La vraie révolution consiste dans le retour à un ordre éternel momentanément perturbé. »

On ne peut manquer en lisant cette phrase de songer à l’évolution de la mentalité française. Quelqu’un disait : «  Imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen ? » Un autre, St Jean-Paul II déclarait à l’ONU « Défendez vos nations comme la prunelle de vos yeux. »

Alors quid ? Que s’est-il passé qui oblige chacun à suivre comme un seul homme des leaders politiques, sans plus d’observation de leurs faits passés et leurs valeurs jamais exprimées – hormis la prétendue défense d’une république ‘Une et indivisible’ mais au sein de la quelle on accepte que des enfants apprennent une langue régionale ou étrangère avant le Français, une république où l’on accepte un CFCM qui refuse d’approuver l’égalité des hommes quels que soient leur sexe et leur nationalité ?

De tous les candidats RPR, UMP, LR, UDF, UDI, etc. pas un n’osa inviter au retour de la République telle qu’elle fut. Et surtout pas un n’ose se respecter lui-même en jurant solennellement de ramener hors du cadre des frontières cet islam conquérant et incompatible en son refus de donner la liberté de choisir sa religion, de n’en point avoir ou d’en changer. Se moquent-ils de l’égale dignité des Hommes ceux qui transigent avec l’islam ou votent pour ces formations politiques ? Peuvent-ils se regarder dans le miroir le soir des votes et dire : « Oui, je me suis comporté en Homme, en Français, en Chrétien. Je suis resté fidèle à mes valeurs et mes principes. J’ai aimé mon prochain.» ?

Sont-ils libres ceux qui mettent leurs principes sous l’éteignoir en acceptant quoiqu’il en soit de suivre aveuglément des chefs qui les trahissent ? Savent-ils distinguer l’esprit qui fait vivre de la lettre électorale jointe aux enveloppes marrons d’avant élections ?

Similairement, on peut s’interroger sur la défense de certains envers le Pape François. On croit bon de s’offusquer devant les interrogations. On nous dit : « Assez de critiquer le Pape, assez de participer à l’hallali ! » Eh quoi ? Ne serions-nous pas libre de vouloir comprendre ? Devons-nous benoitement dire oui à tout quand un prophète nous surprend et parait dire le contraire d’un autre ? Devons-nous nous dire que nous n’avons rien compris et que nos principes de base de défense de l’Eglise, de nos familles et nos nations sont intégralement défendus par un Pape qui semble agir et parler à l’envers d’autres ? Est-il conforme à la pensée de ses prédécesseurs celui qui demande à l’Occident « de favoriser le regroupement familial et d’accueillir sans frein aucun migrants et réfugiés et (d’)Intégrer ‘sans supprimer’ leur ‘identité culturelle’ par une ‘offre de citoyenneté’. Défend-t-il la Chrétienté celui qui veut garantir à chacun la liberté de pratique religieuse ?

Je ne comprends pas tout et veux bien me dire en conscience que mon appréciation est restreinte à une méconnaissance de ses obligations et de ce qu’il pense ou fait dans le secret. Mais par ma conscience, ne suis-je pas tenu d’observer ? Le Code de droit Canon m’y oblige pourtant. Que voit-on depuis 50 ans ? L’influence de l’Eglise s’est-elle accrue dans la société ? Le dialogue avec les musulmans a-t-il apporté quelque bien visible ? Les conversions sont-elles nombreuses et l’appel à celui-ci est-il public quand Pape François dit à chacun de conserver sa religion ? Est-ce là la Nouvelle Évangélisation ?

On me dira que je ne comprends rien et ne puis apprécier des choses. Que mon orgueil parle ici. Hélas ! Si cinquante ans de pastorale et de politique donnent tels effets sur la société, les mœurs, la natalité, la diminution des croyants et l’accroissement de musulmans qui ne veulent s’intégrer, ne dois-je pas m’interroger ?

Le Français, le Chrétien est (devenu) un soumis ; à la République, à la formation politique, au Pape, à l’Eglise. Il a perdu sa liberté et enfoui sa conscience. Je refuse de le faire.

Bertrand du Boullay

 

 

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