Synode : des jeunes australiens envoient un message en contradiction frontale avec l’idéologie qui règne à Rome

Synode : des jeunes australiens envoient un message en contradiction frontale avec l’idéologie qui règne à Rome

Une lettre envoyée par 200 étudiants australiens au Synode, traduite par Yves Daoudal :

Pères synodaux, ambassadeurs des jeunes, et tous les fidèles participant au Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, chérissant l’occasion offerte par une Eglise synodale, nous vous prions humblement de prendre cette requête en considération.

Former les jeunes, façonner l’Église

Les jeunes ne veulent pas façonner l’Église avant que celle-ci ait pu nous former. Le monde est dans la confusion. Et dans cette confusion, les jeunes n’ont rien à se raccrocher. Nous voulons que les Pères synodaux rappellent au monde que Dieu ne nous libérera que lorsque nous nous accrocherons à lui avec amour.

Sa Grâce Mgr Anthony Fisher a récemment expliqué à l’Association des étudiants catholiques d’Australie que le bienheureux John Henry Newman avait exercé une influence majeure sur les pères du Concile Vatican II dans son enseignement sur la dignité de la conscience et son besoin de formation. C’est à cause de Newman que le Catéchisme de l’Église catholique décrit la conscience comme « vicaire aborigène du Christ ». Mais même Newman a vu le risque que la “conscience” puisse être interprétée comme la “prérogative de tout homme d’être son propre maître en toutes choses”.

Sans l’Église et tout ce qu’elle offre, la révélation divine, la tradition, la communauté et la raison elle-même – la conscience n’a pas de substance. Nous avons besoin d’une boussole morale fiable. Pour cela, les jeunes ont besoin d’être bien formés dans la vérité. Nous ne pouvons pas façonner l’Église si nous ne sommes pas formés. Des esprits informes manifesteront une Eglise informe, se dérobant constamment à la vérité. Cette formation prend une vie entière, une vie dont les jeunes ne peuvent pas se réclamer. L’épitaphe de Newman se lit comme suit : «Toute sa vie durant, Newman a été une personne qui se convertissait, une personne en train de se transformer, et il est donc toujours resté et est devenu toujours plus lui-même. »

Chacun de nous, comme Newman, est un homme ou une femme qui se convertit. Comment pourrions-nous jamais prétendre façonner l’Église qui, en tant que Corps mystique du Christ, renferme des milliards de vies de conversion, les espoirs et les prières de tous les fidèles défunts, la sagesse et la sainteté de toute la Communion des Saints et la conviction et la bravoure d’une armée de martyrs qui ne cesse de grandir ?

Comme les générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui ne façonneront l’Eglise que lorsque nous serons nous-mêmes formés. Alors, si Dieu le veut, nous prendrons forme comme mains, yeux, pieds et cœur du Christ.

Ambiguïté

Mais nous ne pouvons espérer prendre forme au milieu de la confusion entourant des questions telles que la contraception, la sexualité, la communion pour les divorcés et les non-catholiques, les prêtres mariés et l’ordination des femmes. Une telle confusion est soutenue par de grands prélats qui emploient délibérément un langage ambigu pour traiter de telles questions, malgré les enseignements du Christ, les Pères de l’Église et le dogme clair de l’Église. Une telle ambiguïté n’est ni charitable ni désirée par les jeunes et doit être traitée par ce Synode. Certains des Pères synodaux souhaitent éviter une Église de « règles » qui n’encourageraient pas une relation personnelle avec Jésus-Christ. Cependant, ces règles nous conduisent au Christ, elles l’ont toujours fait. Nous avons besoin que l’Eglise explique pourquoi et comment. Lorsque l’Église évite la vérité au profit du discours politicien, les jeunes n’ont plus que des banalités superficielles pour exprimer leurs croyances. Quelle ironie : des mots délibérément peu clairs sont invoqués et répétés avec rigidité. L’Église ne doit pas décourager les jeunes de suivre ses règles d’amour, ni ses prêtres de les enseigner. En plus de la clarté du langage, nous prions pour une augmentation du nombre de pratiques qui aident à satisfaire les besoins sacramentels de notre corps et de notre âme – pèlerinages, confessions, dévotions, adoration, art sacré, musique et architecture. Le monde peut être un endroit laid et la beauté extérieure de nos églises devrait être un rayon de lumière dans nos communautés, en particulier dans la vie des pauvres. Notre temps montre que les jeunes cherchent du sens au-delà de la flatterie. De nombreux jeunes sont séduits par des intellectuels comme Jordan Peterson. Il ne dit pas aux jeunes qu’ils sont bien comme ils sont. Bien qu’il soit explicitement agnostique, il dit et répète aux jeunes : « Prends ta croix ».

Dans leurs cœurs, même les personnes qui ont peu de foi savent que cette image, cet instrument, la croix, donne un sens à leur souffrance. Voilée dans le langage de la psychologie, Peterson explore la signification des Écritures de façon apologétique et détaillée. Mais Peterson et ses semblables ont une limite. Ils connaissent une partie de la vérité intuitivement, mais ils n’offrent pas la plénitude de la vérité parce qu’ils n’ont pas la foi. Seule l’Église peut donner un sens réel à notre monde. Les pères synodaux doivent accepter cette mission. Les jeunes veulent la vérité, sans ambiguïté.

Une messe digne et une église accueillante

Dans son intervention synodale, Mgr Fisher a présenté ses excuses pour « des liturgies laides ou peu accueillantes »*. En préparant la jeunesse australienne à un conseil plénier, Sa Grâce nous a demandé : « Comment pouvons-nous nous assurer que nous prions et adorons Dieu d’une manière digne et accueillante ?

L’équilibre entre ces deux concepts de «dignité» et «d’accueil» est le point de tension pour beaucoup. Bien sûr, nous voulons que nos églises soient accueillantes à tout le monde, nous voulons que le plus grand nombre d’âmes possible soient reçues dans l’Église. Mais nous voulons aussi que la messe soit digne de l’affirmation profonde que le même Jésus-Christ de l’Évangile descend sur l’autel corps, sang, âme et divinité, à chaque fois.

Le problème est que le débat sur «la dignité» et «l’accueil» se limite à la forme et à la tonalité que doit prendre la messe. Cela fait ressembler le Saint Sacrifice de la Messe à un champ de bataille entre fidèles, alors qu’il ne devrait proclamer que la victoire du Christ sur la mort, le temps et le péché. La vérité incontournable est que la messe et ce qu’elle re-présente est profond. Ce n’est pas un hasard si la dernière Cène fait partie de la série ultime d’événements du ministère terrestre du Christ. Lorsque Jésus dit «Ceci est mon corps», cela vient après toutes les paraboles, sermons et miracles qui, bien que merveilleux, ne font que laisser deviner l’affirmation écrasante qu’il a faite lors de la dernière Cène. Si les apôtres avaient besoin d’une préparation aussi immense aux pieds du Christ lui-même (et même alors, ils ne l’ont pas tout à fait compris), comment pouvons-nous espérer rendre la messe “accessible” aux gens aujourd’hui ? Peu importe à quel point nous essayons de la rendre contemporaine ou facile à comprendre, la messe nous échappe. En ramenant la messe à notre niveau de confort, nous transformons une affirmation profonde manifestée physiquement par un aperçu du ciel en une revendication étrange que les gens ont du mal à prendre au sérieux.

Une solution : l’utilisation plus large de l’Office divin par les laïcs

Nous pouvons garantir une Eglise accueillante avant la question de la messe. Les Pères synodaux devraient envisager d’encourager davantage l’utilisation de l’Office divin. Cela compléterait la pratique de plus en plus répandue et féconde de l’adoration eucharistique dans les paroisses et les aumôneries universitaires.

Imaginez la pratique répandue des vêpres dans le même sens que la prière du soir de la Communauté Sant’Egidio, que découvrent tant de jeunes et de pèlerins à Rome, dans la basilique Santa Maria in Trastevere. Un refuge du monde, chaleureux, aux chandelles, où les passants se promènent, sans rien y connaître, reçoivent un livre de psaumes d’une main aimable, puis sont doucement guidés par la communauté dans la prière. Cela pourrait être facilement reproduit dans le monde entier. Les Psaumes sont appropriés pour accueillir des personnes dans l’Eglise, car ils font constamment allusion à la venue de Jésus, nous préparant ainsi à son effarante affirmation. Nous pouvons ainsi réaliser un service magnifique et accueillant dans un antique cadre catholique. Peut-être de telles solutions font-elles partie de la réponse pour conserver une messe digne et promouvoir une église accueillante ?

Conclusion

Un jour Newman a médité sur Marie en tant que Rose mystique. Comment Marie est-elle devenue la Rosa Mystica, la fleur de choix, délicate et parfaite de la création spirituelle de Dieu ? C’était en naissant, et en étant nourrie et abritée, dans le jardin mystique ou le paradis de Dieu.

Marie, en tant que plus haute création de Dieu, est un modèle pour tout le peuple de Dieu, pas moins pour les jeunes.

Mais, comme l’explique Newman, les Écritures utilisent la figure d’un jardin pour parler du ciel et de ses bienheureux habitants. Alors, comment pouvons-nous devenir des fleurs au paradis de Dieu, comme Marie ? On ne trouve pas de fleurs dans les sommets rocheux des montagne, ni de fruits riches dans le désert de sable. On ne trouvera pas le paradis errant sur les terres en friche autour de nous. Nous le trouverons en naissant de nouveau dans le baptême, nourris par les sacrements et protégés par la vérité dans le corps mystique du Christ, l’Église.

Les jeunes ne veulent plus chercher ailleurs. Nous ne voulons pas seulement un accompagnement dans les terres en friche. Pères synodaux, plantez-nous dans le jardin mystique.

Bien à vous dans le Seigneur.

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