Le 2 octobre 1979, lors de son voyage aux États-Unis, s’exprimait devant les Nations Unies dans un mémorable discours.
Le Pape avait notamment parlé de ses origines polonaises et du parcours de cette nation meurtrie par un conflit:
Alors que la technique, par son progrès unilatéral, se tournait vers des fins belliqueuses d’hégémonie et de conquêtes poussant l’homme à tuer l’homme et la nation à détruire une autre nation, la privant de la liberté et du droit d’exister – et j’ai toujours présente à l’esprit l’image de la deuxième Guerre mondiale en Europe, commencée il y a quarante ans, le 1erseptembre 1939, par l’invasion de la Pologne, et terminée le 9 mai 1945 – c’est justement alors qu’est née l’Organisation des Nations Unies. Et trois ans plus tard a paru le document qui, comme je l’ai dit, doit être considéré comme une véritable pierre milliaire sur le chemin du progrès moral de l’humanité : la Déclaration universelle des droits de l’homme. Gouvernements et États du monde entier ont compris que s’ils ne veulent pas s’attaquer et se détruire réciproquement, ils doivent s’unir. Le chemin réel, le chemin fondamental qui y conduit passe par chacun des hommes, par la définition, la reconnaissance et le respect des droits inaliénables des personnes et des communautés des peuples.
8. Aujourd’hui, quarante ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, je voudrais me référer à l’ensemble des expériences humaines et nationales vécues par une génération qui est encore en grande partie vivante. Il y a peu de temps, j’ai eu l’occasion de réfléchir à nouveau sur quelques-unes de ces expériences dans l’un des lieux les plus douloureux et les plus débordants de mépris pour l’homme et pour ses droits fondamentaux : le camp d’extermination d’Auschwitz que j’ai visité au cours de mon pèlerinage en Pologne en juin dernier. Ce lieu tristement célèbre n’est malheureusement que l’un de tant de lieux semblables dispersés sur le continent européen. Mais le souvenir d’un seul devrait constituer un signal avertisseur sur les chemins de l’humanité contemporaine afin qu’une fois pour toutes elle fasse disparaître toute forme de camp de concentration partout sur la terre. Et de la vie des nations et des États devrait aussi disparaître pour toujours tout ce qui a un rapport avec ces horribles expériences, c’est-à-dire tout ce qui les prolonge, même sous des formes différentes: toute forme de torture ou d’oppression, physique ou morale, pratiquée par quelque système que ce soit et où que ce soit ; ce phénomène est encore plus douloureux lorsqu’il a lieu sous le prétexte de la « sécurité », intérieure ou de la nécessité de conserver une paix apparente