Par Né en 1946, Mgr Christophe Pierre est un diplomate aguerri. Il a été crée cardinal, mais cette création n’est pas si surprenante que cela. Ce français, qui a été Nonce à Haïti, en Ouganda, à Cuba, au Mexique, puis aujourd’hui aux États-Unis, garde des liens forts avec la France (il est incardiné dans le diocèse de Rennes), même s’il reste un diplomate de la Curie. C’est un français – et plus particulièrement un breton -, mais pas le titulaire d’un siège situé en métropole ou en outre-mer.
Outre le fait que, dans le passé, des Nonces ont été cardinaux, les Nonces de Washington ont souvent été créés cardinaux dans leur parcours, généralement après le passage dans cette nonciature importante. Le cas est assez fréquent. À l’exception de Mgr Carlo Maria Viganò, qui s’est lancé dans de virulentes diatribes contre le Pape François et son entourage, ils ont été plusieurs à avoir reçu le chapeau de cardinal: le cardinal Cicognani, le cardinal Vagnozzi, le cardinal Pio Laghi, etc. La liste est longue.
Mgr Christophe Pierre a déjà 77 ans, et il aurait été plus difficile de l’honorer après son passage à la Nonciature de Washington, alors qu’il est dans une tranche d’âge ou l’on cesse habituellement ses fonctions. Peut-être que la présente année se présentait comme celle de la dernière opportunité. D’où le fait, pour le Pape, d’avoir saisi la balle au bond.
Mgr Christophe Pierre doit conserver ses marges d’action
Mgr Christophe Pierre est en contact régulier avec les évêques américains. C’est lui qui a porté la voix du Pape au sein des assemblée plénières de l’USCCB, la conférence épiscopale des États-Unis. Dans ses interventions, il est vu comme celui qui exhorte les évêques américains de davantage suivre le Pape. Mais faut-il voir dans ce chapeau de cardinal une volonté de mise au pas supplémentaire de l’épiscopat américain qui serait entamé depuis le premier consistoire significatif de 2016 – celui où Cupich et Tobin furent créés cardinaux ? Les choses sont en fait plus complexes. En réalité, pour le site bien informé The Pillar, la nomination obéit certes a un équilibre interne, mais pas entre Rome et l’episcopat américain. Plutôt entre certains cardinaux proches du Pape et Mgr Christophe Pierre, qui doit aussi peser dans le jeu des nominations. Une manière de dire que Rome, c’est d’abord la voix autorisée qu’est le Nonce apostolique. Qui n’est pas celle de ceux qui entendent agir au nom du Pape.
Mgr Christophe Pierre est un diplomate solide, dans un poste aussi sensible qu’important, car il constitue notamment le canal officiel de contact entre le Pape et les présidents de la Maison Blanche. Les récents successeurs de Pierre suivent attention les relations avec Washington, dont le poids pèse encore dans le monde.
Bref, autant dire que cette nomination est complexe et qu’elle s’insère dans une série de choix, dont certains sont contraints. Mais il faut se garder de ne l’analysée qu’à l’aune de considérations strictement humaines. Car, Mgr Pierre est aussi un serviteur de l’Église. Son nom de famille peut aussi rappeler les pierres que nous sommes. À l’image de celle sur laquelle l’Église a été fondée.
