Pèlerinage de Chartres, Fatima, le 10° anniversaire du Motu proprio, les Dubia : entretien avec le Cardinal Burke

Pèlerinage de Chartres, Fatima, le 10° anniversaire du Motu proprio, les Dubia : entretien avec le Cardinal Burke

Le Cardinal Burke, lors de son passage en France, a accordé un entretien exclusif à TV Libertés. Nous vous en avons retranscrit l’essentiel, mais vous pouvez l’écouter en intégralité : 

https://www.youtube.com/watch?v=RzRyXgVC0b8

Le Cardinal Burke était donc en France à l’occasion du pèlerinage de Chartres. Il a célébré la messe de clôture du lundi en la cathédrale de Chartres.

Il s’est dit très impressionné par sa visite du bivouac et la rencontre de tous ceux qui se sont mis au service des pèlerins. Il rappelle que le pèlerinage, déjà présent dans l’Ancien Testament, est le premier mode de dévotion dans l’Eglise, pratiquée par le Christ lui-même. Il souligne l’importance, aujourd’hui encore, de faire des pèlerinages, de laisser les circonstances de notre vie ordinaire pour aller, en faisant prière et pénitence, vers un lieu sacré, pour redécouvrir le caractère extraordinaire de notre vie. Ce pèlerinage de Chartres, centré sur la Sainte Liturgie, qui est la plus pleine, la plus haute expression de notre vie en Jésus, en est encore plus attrayant et le nombre de ses participants devrait augmenter dans les prochaines années.

Un mois plus tôt, le Cardinal était à Fatima, à l’occasion de la canonisation de Jacinthe et François. « Les apparitions de Fatima sont très actuelles parce que la mère de Dieu, dans ses apparitions à Fatima, en 1917, a affronté la situation du monde, la sécularisation, l’athéisme, le matérialisme, spécialement dans la forme politique du communisme. Cette situation a malheureusement duré, et nous affrontons aujourd’hui, dans un mode très fort, une sécularisation dans le monde et aussi dans l’Eglise. L’appel du Cœur Immaculé de Marie, de faire faire pénitence et de suivre la voie divine est encore plus actuel aujourd’hui que dans le temps des apparitions. C’est un appel, un message pour l’Eglise. »

A propos des écrits de sœur Lucie, qui explique que les derniers combats tourneraient autour de la famille : « Oui, sœur Lucie a écrit au Cardinal Caffara, alors Mgr Caffara, premier président de l’Institut Jean-Paul II pour la famille. Il avait demandé les prières de sœur Lucie parce qu’il avait à affronter beaucoup de problèmes aux commencements de l’Institut. Et sœur Lucie lui a écrit que l’attaque du démon dans l’Eglise sera contre la famille. Satan a attaqué, dans notre temps, le monde – et même l’Eglise – par les erreurs sur la famille et par la rébellion contre l’union de l’homme et de la femme dans le mariage qui fait la famille. Nous devons nous rendre compte de ce défi et combattre pour sauver la famille et sauver la famille dans son originalité, selon laquelle Dieu a créé la famille au commencement du monde. »

Le Cardinal Burke (et Mgr Schneider) avait évoqué le bien que constituerait pour l’Eglise et pour le monde une nouvelle consécration officielle de la Russie au Cœur douloureux et immaculé de Marie. A ce sujet il explique : « Je ne remets pas en question le fait que saint Jean-Paul II, en 1984, a consacré tout le monde, incluant la Russie, au Cœur Immaculé de Marie. Mais je pense que dans le temps actuel, où la Russie continue à être une force politique importante dans le monde, la Russie qui a connu une conversion du communisme à une politique plus chrétienne, il est plus important de faire maintenant, comme l’a demandé la mère de Dieu à Fatima, de faire une consécration spécifique de la Russie à son Cœur Immaculé »

Il s’exprime également à propos du 10° anniversaire du Motu proprio Summorum Pontificum, libérant la célébration de la forme extraordinaire du rite romain : « Le Motu proprio a répondu à une situation, après le concile Vatican II, d’une fausse interprétation de la réforme liturgique voulue par les pères du concile. La fausse interprétation pense que la nouvelle forme de la Sainte Liturgie doit être complètement différente de la forme de la Sainte Liturgie pendant des siècles. C’est une contradiction, parce que la Sainte Liturgie est organique, transmise pendant des siècles par la tradition apostolique. Alors, avec le Motu proprio, nous avons la possibilité de restaurer l’unité dans la forme de la Sainte Liturgie pour souligner la réalité constante de la présence de Jésus entre nous spécialement pour la Sainte Liturgie. Je pense que la célébration dans la forme extraordinaire va croître, parce que dans toutes mes visites je vois beaucoup de jeunes qui sont attachés à la forme extraordinaire de la messe. Ce qui les attire, c’est la sainteté du rite. La forme extraordinaire, souligne plus évidemment la sainteté, qui est une action de Dieu lui-même : Jésus, assis dans sa gloire à la droite du Père, descend sur l’autel pour se rendre à nouveau présent dans son sacrifice. Les jeunes, les jeunes familles, sont très attirés par la forme extraordinaire. Je ne dis pas que la forme ordinaire n’est pas sainte ! Certainement elle est sainte, mais la réforme a, dans un certain sens, dénudé la forme du rite et a rendu plus difficile l’accès à cette sainteté. »

Dernier sujet abordé lors de cet entretien, les Dubia, adressées à l’automne dernier au Saint Père avec les cardinaux Brandmüller, Caffara et Meisner, ces interrogations concernant l’exhortation apostolique Amoris Laetitia et en particulier son article 8 : « Les interrogations sont très importantes, parce qu’après la publication de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, il y a eu une confusion immense dans l’Eglise, une confusion entre les fidèles, les prêtres, les évêques. C’est une confusion très très grave parce qu’elle touche au salut des âmes. Pour les mariés, le sacrement du mariage est lié au salut éternel. Pour l’Eglise, le mariage est la première cellule de la vie de l’Eglise et de la société. Cette confusion touche aussi aux sacrements de l’Eucharistie et de la pénitence : les dispositions nécessaires pour accéder à ces sacrements ne sont pas claires. Nous avons donc posé ces questions avec tout notre respect envers le Saint Père, pour lui offrir la possibilité de clarifier les questions les plus importantes autour de l’exhortation post-synodale. Nous espérons encore une réponse du Saint-Père et nous continuons à implorer une réponse pour le bien de toute l’Eglise. Cette confusion est difficile, spécialement pour les prêtres. Dans mes voyages dans les diverses parties du monde, les prêtres tout spécialement me disent que c’est pour eux une difficulté parce que les fidèles demandent des choses pour eux impossibles. Par exemple, une personne qui vit dans une situation matrimoniale irrégulière demande de recevoir la Sainte Eucharistie sans corriger sa situation… C’est très difficile pour les prêtres. J’ai un très fort sentiment de compassion, de compréhension envers les prêtres qui se trouvent dans cette situation. »

 

En conclusion, le Cardinal nous adresse un fort mot d’encouragement : « La situation du monde, de l’Eglise, peut créer un sentiment de découragement. Et je voudrais dire ‘Bon courage’ parce que le Seigneur est toujours avec nous. Quand nous affrontons des défis comme aujourd’hui, des défis très difficiles, nous devons compter toujours plus sur Lui, par la prière, la pénitence, mais aussi par notre engagement à faire avancer la vérité et l’amour du Christ dans le monde. Lui ne manquera jamais à répondre à nos prières, à nos efforts d’évangélisation aujourd’hui ».

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