Miguel Vidal, directeur de MasLibres, une organisation espagnole en pointe pour le soutien à Asia Bibi, commente les graves menaces qui pèsent sur Shaan Taseer, fils du gouverneur musulman du Pendjab assassiné pour avoir défendu Asia Bibi. Une affaire révélatrice de la perversité des lois sur le blasphème au Pakistan et de ceux qui les manipulent contre les minorités religieuses à commencer par la chrétienne…
Shaan Taseer est un Pakistanais dont la vie est tragiquement liée à celle d’Asia Bibi. Son père, Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, fut assassiné par son garde du corps pour avoir publiquement pris la défense d’Asia Bibi victime des lois anti blasphème en vigueur au Pakistan. Aujourd’hui, c’est lui qui pourrait en être la victime. Même processus, même menace, même bourreau. Tour a commencé le jour de Noël. Shaan a enregistré un message vidéo présentant ses vœux pour les fêtes à tous les chrétiens du Pakistan et, en particulier, à Asia Bibi, et il l’a partagé sur les réseaux sociaux. Il en a profité aussi pour critiquer l’utilisation perverse qui se fait des lois contre le blasphème (qu’il a qualifié d’inhumaines), afin de faire taire les minorités religieuses, et a exprimé sa solidarité avec Asia Bibi et Nabeel Masih, un jeune homme chrétien emprisonné pour les mêmes raisons qu’Asia Bibi. Quelques heures après la mise en ligne [de son message], l’organisation musulmane Sunni Tehreek a lancé une campagne de pression sur la police de Lahore, pour qu’elle applique à Shaan les dispositions du Code pénal pakistanais en matière de blasphème, car Shaan ment sur ces lois et heurte les sentiments religieux des musulmans. Plus inquiétant encore: l’organisation a lancé contre lui une fatwa pour blasphème et apostasie. La fatwa prétend que Shaan a demandé dans sa vidéo qu’on prie pour Asia Bibi et Nabeel Masih et qu’il a ainsi commis une apostasie et un blasphème, crimes passibles de la peine de mort dans le droit islamique. Savez-vous ce qu’a répondu Shaan ? Il a envoyé, sur sa page Facebook, un message à ses persécuteurs qui commence par des souhaits de joyeux Noël. Il a ensuite ajouté: « Votre condamnation n’a eu pour effet que de renforcer ma détermination. Je peux vous assurer que je maintiendrai ma solidarité envers mes compatriotes qui ont souffert de la loi sur le blasphème. Je vous invite […] à un débat en direct si vous croyez que cette loi a été dictée par Dieu. Ce n’est pas le canon d’une arme qui empêchera ce dé bat […]. » Un appui à Asia Bibi constitue la ligne qui sépare la mort et la vie au Pakistan, et met en évidence l’incapacité du gouvernement de se libérer des pressions de l’islam radical dont la force est considé rable dans la rue et dans les mosquées […]. Désormais, Shaan risque le martyre pour avoir souhaité un joyeux Noël à Asia Bibi et dénoncé l’usage qui est fait des lois contre le blasphème. Il pourrait mourir comme son père assassiné en 2011 par son propre garde du corps, Mumtaz Qadri, pour les mêmes motifs que ceux qui sont aujourd’hui reprochés à son fils […] Voilà la manière dont commence l’année pour les chrétiens du Pakistan. Menaces de mort. Incarcérations. Persécutions […].
Source : Christianophobie Hebdo