Un pape ne saurait en aucun cas abdiquer le devoir d’enseigner inhérent à la charge de successeur de Pierre, au motif d’une “gouvernance synodale” de l’Eglise. C’est ce qu’a déclaré Mgr Nicolas Bux, ancien consultant de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 14 mai 2018.
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Mgr Bux est intervenu dans les colonnes du site d’informations La Nuova Bussola Quotidiana pour rappeler que l’Eglise catholique est d’essence « hiérarchique et non synodale » et que les « enjeux pastoraux » ne peuvent être résolus qu’à « la lumière de la saine doctrine ».
Ce n’est donc pas dans « le consensus le plus large possible », pourtant demandé par le pape François à la Conférence des évêques d’Allemagne, que se trouve la solution du problème de l’accès des protestants au sacrement de l’Eucharistie.
Les réflexions de l’ancien consultant de la Congrégation pour la doctrine de la foi interviennent quelques jours après un entretien accordé à Vatican Insider par le cardinal Walter Kasper. Ce dernier y affirmait que rien ne s’oppose, dans l’enseignement des derniers papes, à l’intercommunion sacramentelle entre catholiques et protestants.
Pour Mgr Bux, le cardinal force l’interprétation des passages qu’il cite à l’appui de sa thèse, et omet ceux qui le gênent. Le simple fait d’une « opposition croissante entre les fidèles et les évêques d’une part, et entre les évêques eux-mêmes d’autre part », sur une question aussi cruciale que l’intercommunion sacramentelle, manifeste bien aux yeux du prélat italien, que la solution du cardinal Kasper ne relève pas de l’évidence.
« L’exercice du ministère pétrinien qui indique le cap à suivre à toute l’Eglise », conclut Mgr Bux, est « indispensable : le pape ne peut pas abdiquer ce devoir-là. » Il est à souhaiter que ce théologien de renom soit entendu.
De ce débat actuellement ouvert, il faut aussi retenir la dimension aléatoire du magistère moderne, qui n’ose plus proclamer les droits de la vérité et entend s’adapter à toutes les consciences ou situations, selon les pays, les cultures ou les sensibilités. Un magistère à l’autorité douteuse perd nécessairement en force et en crédibilité. Le pape a pour fonction de paître les brebis et les agneaux du troupeau du Christ (Jn 21, 15-17), et de confirmer ses frères dans la foi (Lc 22, 32). Pas d’entretenir le flou ou d’ignorer la doctrine au nom d’une pastorale élastique.