Allemagne : la lettre des évêques contre l’intercommunion sauvage

Allemagne : la lettre des évêques  contre l’intercommunion sauvage

Comme nous l’avions indiqué, certains évêques allemands contestent la décision de la conférence épiscopale allemande autorisant les conjoints protestants de catholiques à communier. Ils ont écrit à plusieurs prélats romains. Ainsi, il ont indiqué leur dubia au sujet de ce document qui mettrait en cause certains éléments fondamentaux de la foi catholique. Une rencontre serait même prévue avec le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi le 3 mai 2018.

Voici la lettre  des évêques allemands signée par un cardinal et 7 évêques:

Éminence, chers confrères,

 

Entre le 19 et le 22 février 2018, les évêques allemands se sont rencontrés à Ingolstadt pour leur assemblée plénière de printemps.

 

Au point IL.1 de l’ordre du jour, les évêques ont reçu de la commission œcuménique un soi-disant « manuel pastoral » intitulé « Sur le chemin de l’unité avec le Christ, mariage confessionnel et participation conjointe à l’eucharistie » pour recueillir les avis et prendre une décision. Selon ce texte, les couples de confession mixte, en leur qualité de « laboratoire pratique d’unité » se trouvent dans la même situation que celle des Eglises séparées dans leur chemin vers l’objectif.  À cause de l’importance des mariages entre chrétiens catholiques et protestants en Allemagne, la déclaration exprime son respect pour « la douleur [de ceux] qui partagent pleinement leurs vies mais qui ne peuvent pas partager la présence salvifique de Dieu dans le repas eucharistique ».  Dans la foulée de l’anniversaire de la Réforme de 2017 fêté conjointement, cet opuscule se veut volontairement destiné « à fournir toute forme d’assistance aux mariages interconfessionnels pour renforcer leur foi commune et promouvoir l’éducation religieuse de leurs enfants » en offrant une aide concrète et des règles, conformément à ce qui avait été déclaré avec l’Eglise protestante allemande au cours de la célébration œcuménique de pénitence et de réconciliation qui s’est déroulée le 11 mars 2017 dans l’église Saint-Michel d’Hildesheim.

 

Selon cette déclaration, une ouverture visant à ce que les conjoints protestants des mariages mixtes puissent recevoir la communion en vertu du canon 844 § 4 du Code de droit canon de 1983 doit être rendue possible du moment qu’une « gravis spiritualis necessitas » [une grave nécessité spirituelle] se présente, selon le document présenté sur les différences confessionnelles dans le mariage.

 

Le 28 février 2018, le texte cité ci-dessus sur les mariages mixtes et la participation commune à l’eucharistie a été voté en assemblée plénière. Le document a été adopté par une majorité de 2/3 des évêques allemands.  Sur les 60 évêques présents, 13 ont voté non, y compris au moins sept évêques diocésains.  Des « modi », ou amendements, ont pu être présentés jusqu’au 16 mars mais ils ne remettront plus en question l’adoption fondamentale de ce document.

 

Personnellement, nous ne pensons pas que le vote qui s’est déroulé le 20 février soit juste parce que nous sommes convaincus que la question dont nous sommes en train de débattre n’est pas une question pastorale mais une question de foi et d’unité de l’Eglise qui n’est pas sujette à un vote. Nous vous demandons donc, Éminence, de faire la clarté en la matière.

 

Le document ici présenté est-il un « manuel pastoral » – comme l’affirment certains évêques allemands – et donc simplement de nature pastorale ou bien sont-ce la foi et l’unité de l’Eglise qui sont fondamentalement remises en cause plutôt que les dispositions [pratiques] faites ici ?

L’article 58 du document ne relativise-t-il pas la foi de l’Eglise selon laquelle l’Eglise de Jésus-Christ subsiste dans l’Eglise catholique et qu’il est donc nécessaire qu’un chrétien évangélique qui partage la foi catholique sur l’Eucharistie devienne dans ce cas devenir catholique ?

Selon les points 283 à 293, ce n’est pas en premier lieu le désir de la grâce eucharistique qui devient le critère de souffrance [spirituelle grave] mais plutôt le désir de la réception commune de la communion de la part de conjoints appartenant à des confessions différentes. A notre avis, ce malaise n’est pas différent de celui qui concerne l’œcuménisme dans son ensemble, c’est-à-dire tous les chrétiens qui s’engagent sérieusement en faveur de l’unité. A notre avis il ne s’agit donc pas d’un critère exceptionnel.

Est-il possible pour une seule conférence épiscopale nationale, dans une région linguistique donnée, de prendre une décision isolée concernant une question comme celle qui concerne la foi et la pratique de toute l’Eglise en en référer ni s’intégrer à l’Eglise universelle ?

Éminence, nous avons beaucoup d’autres questions et de réserves fondamentales sur la solution proposée dans ce document. Voilà pourquoi nous avons voté en faveur d’une renonciation à la dérogation [à la discipline actuelle] et plutôt pour la recherche d’une solution claire dans le dialogue œcuménique sur la question de la « communion eucharistique et communion ecclésiale » dans son ensemble qui soit praticable dans l’Eglise universelle.

Nous demandons votre aide, à la lumière de nos « dubia » sur la question de savoir si l’ébauche de solution présentée dans ce document est compatible avec la foi et l’unité de l’Eglise.

Nous demandons la bénédiction de Dieu pour vous et pour votre charge essentielle à Rome et nous vous saluons chaleureusement !

Cardinal Rainer Woelki, (Cologne)
Archevêque Ludwig Schick (Bamberg)
Évêque Gregor Hanke (Eichstätt)
Évêque Konrad Zdarsa (Augsbourg)
Évêque Wolfgang Ipolt (Görlitz)
Évêque Rudolf Voderholzer (Ratisbonne)
Évêque Stefan Oster (Passau)

 

Source Diakonos.be

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