Le diocèse de Toulouse explique certains gestes de l’ordination sacerdotale.
♦ La prostration :
C’est le geste impressionnant quand le futur prêtre s’allonge tout entier par terre pendant qu’est chantée la litanie des saints. La prostration, qui a plusieurs sens, renvoie ici à une prière et supplication intense, comme on peut le voir avec les martyrs d’Israël : « Tous ensemble, ils firent donc cette prière, adressant au Seigneur miséricordieux des supplications accompagnées de larmes, jeûnant et se prosternant, pendant trois jours d’affilée. Puis Judas les encouragea et leur dit de se tenir prêts » (2 Mc13, 12).
Elle signifie ensuite, de la part de l’ordinand, la conscience de ses propres limites et fragilités, un don total de sa vie abandonnée dans la miséricorde de Dieu qui appelle. Jésus lui-même « tomba face contre terre en priant, et il disait : ‘Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux’. » (Mt 26, 39) qui s’offre et s’abandonne entre les mains du Père. De même, par la prostration, l’ordinand signifie que sa vie est définitivement donnée à Dieu, à l’Église et à l’humanité, en s’oubliant pour devenir un don.
♦ La promesse de l’obéissance :
Elle se fait quand l’ordinand met ses deux mains jointes dans les mains de l’évêque (Immixtio manum). Ce geste est signe de confiance et d’estime réciproque. L’évêque, devant la communauté, s’engage à aimer, à prendre soin, à guider et à écouter le prêtre et l’ordinand promet respect et obéissance filiale à l’évêque.
♦ L’imposition des mains :
Ce geste très ancien des évêques et des presbytres est le signe de bénédiction et de transmission d’un office, d’une mission particulière. Il s’agit de communiquer le don de l’Esprit saint. À travers ce geste, l’évêque et tous les prêtres concélébrant imposent les mains au futur prêtre. C’est la communication, la transmission de l’autorité et le pouvoir de Dieu donné au pasteur pour le bien du peuple de Dieu.
Dans l’Ancien Testament, Moïse impose les mains à Josué : « Josué, fils de Noun, était rempli de l’esprit de sagesse, parce que Moïse lui avait imposé les mains. Les fils d’Israël lui obéirent, ils firent ce que le Seigneur avait prescrit à Moïse. » (Dt 34, 9). Dans le Nouveau Testament, les apôtres imposent les mains aux sept diacres (Ac 6, 6), Paul et le Collège presbytéral au jeune Timothée : « Ne néglige pas le don de la grâce en toi, qui t’a été donné au moyen d’une parole prophétique, quand le collège des Anciens a imposé les mains sur toi » (1 Tm 4, 14).
♦ La prière de consécration :
C’est le temps fort du rite d’ordination. Structurée sur le modèle eucharistique, cette prière exhorte l’ordinand à être exemple de sainteté pour le peuple. C’est la sainteté et la fidélité du prêtre qui seront la source de fécondité dans son ministère.
Dans l’Anamnèse, cette prière rappelle le projet de Dieu commencé avec le choix de soixante-dix anciens comme collaborateurs par Moïse, la vocation sacerdotale d’Aaron et de ses fils dans l’exercice du culte (Lv 8-9). Elle rappelle enfin la mission du Christ, des apôtres et disciples d’évangéliser tous les peuples et de guérir toute infirmité.
Dans l’Épiclèse, l’évêque demande au Saint Esprit de donner le sacerdoce (second degré) au futur prêtre par une vie exemplaire pour rendre témoignage au Christ mort et ressuscité et prolonger son action dans la vie de l’Église à travers une conduite exemplaire et une sainteté contagieuse.
Dans l’Intercession, l’évêque demande au Seigneur de faire du nouveau prêtre un fidèle collaborateur dans l’exercice du sacerdoce apostolique, en implorant la miséricorde de Dieu pour soi et pour le peuple de Dieu, dans la Prière des Heures.
♦ L’onction du saint chrême :
Elle se fait dans les mains du nouveau prêtre et rappelle qu’il a été choisi par Dieu, comme Aaron et ses fils. Le pape Benoît XVI, s’adressant aux prêtres dans une homélie du jeudi saint, rappelle la signification de ce geste : « Nous rappelons également que nos mains ont été ointes avec l’huile qui est le signe de l’Esprit Saint et de sa force. Pourquoi précisément les mains ? La main de l’homme est l’instrument de son action, c’est le symbole de sa capacité à affronter le monde, précisément de “le prendre en main”. Le Seigneur nous a imposé les mains et veut à présent les nôtres afin qu’elles deviennent les siennes, dans le monde. Il veut qu’elles ne soient plus des instruments pour prendre les choses, les hommes, le monde pour nous, pour en faire notre possession, mais que, au contraire, elles transmettent son action divine, se mettant au service de son amour » (homélie du Jeudi, 13 avril 2006).