A l’occasion de l’assemblée plénière du Conseil Pontifical pour la culture mi-novembre, le pape François a prononcé un discours dans le thème de ces journées, qui visaient à « décrypter les modèles anthropologiques qui sous-tendent les nouvelles idéologies » dans les domaines de la médecine et de la génétique, ou encore des neurosciences et des robots.
La médecine et la génétique, « qui nous permettent de regarder dans la structure la plus intime de l’être humain et ainsi d’intervenir pour la modifier », ouvrent la voie au traitement de maladies considérées incurables il y a peu, mais elles ouvrent aussi « la possibilité de déterminer les êtres humains en ‘programmant’ certaines caractéristiques ». Les neurosciences offrent de leur côté « des informations importantes sur le fonctionnement du cerveau humain », mais « remettent en question les réalités de l’anthropologie chrétienne » comme l’âme, la conscience de soi, la liberté. Quant aux robots autonomes, ils nous « amènent à réfléchir sur ce qui est spécifiquement humain et nous rend différents de la machine ».
Ces développements scientifiques et technologiques « conduisent certains à penser que nous nous trouvons à un moment particulier de l’histoire de l’humanité, pratiquement à l’aube d’une ère nouvelle et à la naissance d’un nouvel être humain, supérieur à ce que nous avons connus jusqu’à maintenant » a expliqué le pape. Nous sommes face à des interrogations « grandes et graves ». L’Eglise trouve une réponse anthropologique à ces questions dans la Genèse, « qui s’articule autour des concepts de relation et de liberté ».
Si l’anthropologie « reste un horizon dans lequel se déterminent les choix existentiels et éthiques », cet horizon « devient de plus en plus fluide et malléable face aux changements économiques et sociaux et surtout aux incroyables découvertes de la science et de la technique ». Des défis qui appellent notre reconnaissance envers les scientifiques, tout en sachant que « les sciences ne suffisent pas à donner toutes les réponses ». Le pape François appelle ainsi à « dépasser la tragique division entre les ‘deux cultures’, la culture humaniste-littéraire-théologique et la culture scientifique » et encourage un dialogue « plus grand ». Pour cela, l’Eglise propose plusieurs grands principes : la « centralité de la personne humaine, qui doit être considérée comme une fin et non pas un moyen » ; la « destination universelle des biens, qui concerne aussi ceux de la connaissance et de la technologie » ; et « le principe que tout ce qui est techniquement possible ou faisable n’est pas par le fait même éthiquement acceptable ».
« La science, comme toute autre activité humaine, a des limites à respecter pour le bien de toute l’humanité, et a besoin d’un sens de la responsabilité éthique. La véritable mesure du progrès, ainsi que le rappelait le bienheureux Paul VI, c’est celui qui vise au bien de chaque homme et de tout l’homme », a conclu le pape.