L’heure des petites phrases est de retour. Après Noël, la campagne de 2017 revient plus vite que les rois mages et chacun se lance dans l’arène médiatique avec, au détour d’une question, une petite phrase clef et qui semble ne rien avoir à faire là.
Alors qu’il tente de démontrer que sa réforme de la sécurité sociale ne sera pas la caricature brutale qu’en font ses adversaires, l’argument utilisé par François Fillon est surprenant, tant il parait incongru dans le débat politique laïcisé.
Non François Fillon ne fera rien de contraire à la dignité de la personne humaine et ce pour une raison de poids, assénée par un argument d’autorité : Je suis gaulliste et chrétien.
Il y a peu, on eut fustigé quiconque eut osé brandir un tel argument d’autorité, mais dans cette interview, le journaliste ne relève même pas. Bien entendu la phrase clef n’est pas sortie au hasard. Il s’agit d’associer dans une même phrase dignité humaine et chrétien. Parce que ce tandem est plein de sens pour un électorat très particulier qui, du reste, a abondamment relayé la petite phrase. C’est, pour l’ancien premier ministre, une façon de dire aux catholiques dubitatifs “je vous ai compris”. J’ai entendu vos réserves et vos craintes sur mes positions floues en matière d’IVG, PMA etc, mais voyez, j’affirme que la base de mon gouvernement sera chrétien.
Evidemment la question est de savoir si nous mettons la même chose sous l’expression dignité humaine. Pour le savoir il serait intéressant de voir si le futur programme du candidat LR va introduire une définition de l’homme dans ses fondamentaux. Car à l’heure actuelle, alors même que les Républicains donnent comme trame de leur programme, la responsabilité, la conception de l’homme, dont dépend la conception de la responsabilité, n’est pas même gratifié d’une ligne. Au contraire, la finale, un rien malthusienne, aurait plutôt tendance à nous inquiéter. Mais ce vide se comprend aisément lorsqu’on prend conscience que la conception de l’homme est la plus virulente divergence à l’intérieur de cette famille politique.
Demeure en tout cas qu’être chrétien est encore aujourd’hui un gage d’attention aux plus démunis, une protestation de bonne foi. Un bon signe pour les chrétiens de convictions qui peuvent apparemment sortir du bois et se présenter, sans être disqualifiés, comme chrétiens et même faire de la politique en tant que chrétiens.
Après la droite décomplexée…
Quoiqu’il en soit des propos de François Fillon, ce tournant sémantique est pour nous un moment à ne pas manquer.
Mais Sens Commun et autres mouvements chrétiens engagés, seraient, à mon sens, bien inspirés de pousser le candidat Fillon à s’exprimer clairement sur cette “dignité humaine” qu’il entend défendre.