Edito #16 : Le temps des consécrations

Edito #16 : Le temps des consécrations

voeux Louis XIII INgres

Nous vivons entre ciel et terre, sans toujours nous en rendre compte. Pris par nos urgences du quotidien ou protégés pour un court moment par les hauts murs d’un monastère, nous avons tendance à sérier nos affaires matérielles et spirituelles, même si nous faisons au mieux pour unifier notre vie. Nous prions pour nombre de contingences pragmatiques, nous nourrissons notre âme autant que faire se peut, mais bien souvent nous oublions qu’à l’univers visible se mêle en permanence l’univers invisible des anges, des saints, des défunts et bien entendu de Dieu.

C’est un peu ce que semble nous rappeler l’actualité des dernières semaines avec la multiplication des consécrations. Depuis plusieurs années déjà, nous nous sommes réhabitués aux consécrations personnelles ou familiales, à Marie, au Sacré Cœur ou au Cœur Immaculé. Beaucoup regardaient cependant, avec le dédain du moderne sur les anciens, les consécrations de régiments, de pays ou d’entreprises. Pourtant, 2017, avec son centenaire des apparitions et du message de Fatima, semble redonner un souffle neuf à cette pratique souvent mal comprise et reléguée aux fioretti d’un passé obscur de l’Eglise.

Alors que Notre Dame demande depuis un siècle la consécration de la Russie, de plus en plus de diocèses, notamment français, mais aussi d’Etats se consacrent à Marie ou au Christ par son Sacré Cœur ou à sa royauté. Le Pérou, en novembre dernier, a été consacré aux Sacrés Cœur de Jésus et Marie, par son président. La Pologne en corps constitué accueillait, à la fin du même mois, la royauté du Christ. Il y a quelques jours, le Congo-Brazaville, en présence du numéro 2 du Vatican, se consacrait à la sainte Vierge. Samedi dernier, l’Angleterre et le Pays de Galles à leur tour s’en remettaient au Cœur immaculé de Marie.

Créteil, à l’occasion du 8 décembre 2016, consacrait les familles du diocèse à Jésus par Marie. C’est tout son diocèse que l’évêque du Mans consacrait au Cœur du Christ en novembre dernier, faisant suite à la consécration au Cœur de Jésus de l’archidiocèse de Lyon, par le primat des Gaules, en juin 2016, à l’occasion de la fête du Sacré Cœur et de l’année de la miséricorde.

 

Comment expliquer le retour du temps des consécrations ? Après une forte dépression matérialiste où l’Homme a cru pouvoir faire à la place de Dieu, les fidèles semblent ressentir l’immense besoin de remettre Dieu dans la partie. Car qu’est-ce qu’une consécration ? On lui donne souvent des vertus protectrices, un peu comme un talisman. Mais s’il est vrai que la protection est un des aspects de certaines consécrations, ce n’est pas d’abord cela. Il s’agit avant tout de rendre sacré le profane, c’est-à-dire, de le remettre à Dieu. La consécration est un engagement du consacré envers Dieu qui en retour s’engage lui aussi. C’est une forme d’alliance très puissante qui engage l’homme dans la direction de Dieu qui, ce faisant, lui accorde les grâces pour la route. Qu’un pays se consacre au Christ ou à sa mère suppose que le pays, au moins par le truchement de ses autorités légitimes, engage le pays (c’est-à-dire ses cadres et lois, il est impossible de contraindre le cœur des personnes prises chacune pour elle-même) sur le chemin du Christ. La consécration comprend une part active du consacré, comme une ouverture aux grâces de la consécration qui ne sont pas effets magiques d’un rite qui lierait Dieu, indépendamment de notre parole.

Ce temps des consécrations traduit une réorientation verticale du monde dont certains veulent désormais permettre au Ciel de régner sur la terre, c’est-à-dire dans le cœur des hommes. Aussi, en cette année anniversaire des demandes de Fatima, que tout le monde nous annonce comme un tournant spirituel, peut-être allons-nous assister, non pas à une nouvelle descente du ciel sur la terre, mais à un accueil du ciel toujours plus grand par la terre. Nous sommes entre ciel et terre et cette réalité, rendue tangible par ces consécrations, n’est pas une succession discontinue d’instants, mais une permanence à « réactiver » sans cesse. Louis XVI, n’étant plus souverain en exercice de par la Révolution, ne pouvait faire une consécration valide de la France au Sacré Cœur et il y a peu à espérer de notre futur président. Toutefois, Louis XIII, roi légitime a bien fait offrande de son royaume à Notre Dame. Cette donation unique est toujours actuelle, car Marie, pas plus que Dieu, ne saurait revenir en arrière sur une telle consécration. Il ne tient qu’à nous, de proche de proche, comme une mèche enflamme un parcours de poudre, de raviver en nos cœurs et en France cette réalité du Ciel sur la terre de France. C’est en tout cas ce que nous proposons, sur InfoCatho, en relayant l’actualité du monde et les nombreuses propositions de prières.

 

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Edito #16 : « Le temps des consécrations »

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