Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, a vivement critiqué le projet de réforme de la curie romaine voulu par le pape François.
Dans une interview publiée dans le journal « Passauer Neue Presse », le cardinal Müller parle d’une réforme relevant d’une « ignorance théologique ». A travers les médias, on constate que « plus aucun concept touchant à l’origine, à la nature et à la mission de l’Eglise n’est reconnaissable. »
Au lieu de se référer au concept d’Eglise tel que rappelé par le dernier Concile, « la Curie demeure dans un état d’apesanteur puisqu’elle n’est plus clairement affectée au service du pape de l’Église universelle. » Le document concernant la réforme de la curie a été approuvé par le Conseil pontifical du pape et se trouve actuellement à la disposition des principaux organismes chargés d’en faire l’examen.
Le cardinal Müller estime également que le rôle particulier de la Congrégation pour la doctrine de la Foi finira par être minimisé puisque « le projet consiste à juxtaposer au hasard seize organismes qui devront être au service du pape, des évêques individuels et des conférences épiscopales. » Le cardinal Müller dit très clairement : « Ce schéma laisse deviner une future Constitution apostolique élaborée à partir d’un ensemble d’idées subjectives, de voeux pieux, d’appels moraux avec des citations tirés de textes du Conseil [dont le cardinal Marx est la cheville ouvrière – ndlr -] et de déclarations du pape actuel. »
L’ancien évêque de Ratisbonne critique également le fait que le projet de réforme de la curie « ne fasse pas clairement la distinction » entre les interventions du pape relevant de questions temporelles et celles relevant de questions spirituelles. Les questions temporelles « ne sont que secondaires et en aucun cas significativement liées à la papauté ». La « mission suprême du pape » est « d’enseigner en tant que membre et chef du collège épiscopal ». Or, dans le projet de réforme de la curie, l’enseignement concernant les questions de la foi n’apparaît plus que comme « une tâche du pape parmi beaucoup d’autres ».
Le cardinal Müller montre surtout que dans la description des tâches de la nouvelle autorité pour la doctrine de la foi, « les auteurs du texte font preuve d’une ignorance théologique dramatique ». Ainsi, des concepts de base de la théologie catholique tels que la Révélation, les Evangiles ou le Magistère sont utilisés tantôt de façon juste, tantôt de façon erronée ».
Il ne reste qu’à espérer que « cette partie du document puisse être reprise de A à Z par quelqu’un qui soit un théologien et un canoniste réputé ».