La valse des petites phrases continue son ballet médiatico-politique. Nous relevions, hier, le “je suis gaulliste et de surcroît chrétien” de François Fillon, saluant au passage la non-réaction de la bobosphère. Mais pas du tout, les vierges effarouchées sont toujours bien vivantes, quoique peu crédibles avec leur cri d’orfraie.
Il y aurait contradiction entre un gaullisme, dont les fondements seraient laïcs (Seigneur, voilà à quoi conduisent nos cours d’histoire !), et le fait d’être chrétien (sic). Heureusement que Christian Jacob était là pour voler au secours du chrétien engagé dans la campagne : François Fillon a juste voulu exprimer qu’il était quelqu’un de solidaire. Bref, on oublie la dignité humaine pour se rabattre sur la solidarité, tâchant de gommer que l’un ne va pas sans l’autre et qu’il n’y a de vraie solidarité que si elle repose sur une dignité humaine véritable.
Les indignations des contradicteurs de Christian Jacob montrent que pourtant, eux, ne s’y trompent pas. Et ils ont bien entendu derrière “dignité humaine”, le combat pro-vie ou la lutte contre la loi Taubira. Il n’est pas certain que François Fillon, lui, entendait s’engager sur ce terrain là, même si la phrase avait de forte chance d’être à l’intention de tel électorat.
Mais ce qui inquiète, c’est que “c’est le premier à faire ça”. S’il faisait école, ce serait un raz-de-marée contre l’idéologie au pouvoir. Comme quoi, être chrétien, ça rassure ou ça fait peur.
Toutefois, tout le monde, même la peur au ventre, convient quand même du fait qu’“être chrétien n’est pas une maladie honteuse”.
Cependant, nous savons que la gauche et une large part de la droite craignent beaucoup plus les chrétiens que les musulmans. Car, pour eux, le terrorisme est un danger marginal (pensent-ils), tandis que les chrétiens se battent contre eux frontalement sur le même terrain. Ce qu’ils veulent détruire est précisément ce que les catholiques entendent défendre. Et il se trouve que, pour l’heure, l’islam est un allié.