Chine : les révélations du journal intime d’un prêtre enlevé

Chine : les révélations du journal intime d’un prêtre enlevé
 Voici l’extraordinaire témoignage d’un prêtre catholique de l’Église souterraine, détenu par les communistes depuis plus de trois ans… Encore un “oublié” de l’accord provisoire entre le Saint-Siège et la Chine…, mais témoin du Christ, intercesseur et apôtre auprès de ses infortunés codétenus!
L e Père Liu Hongged, 47 ans, prêtre du diocèse de Baoding (province du Hebei, dans le nord de la Chine), est porté disparu depuis le 7 mai 2015, dernier jour où il eut une communication téléphonique avec un parent. Sa famille a fait une déclaration de disparition à la police, mais cette dernière a refusé d’enquêter sur sa disparition. C’était la deuxième fois que le prêtre était arrêté par les autorités chinoises. En décembre 2006, il avait été détenu pendants un court laps de temps parce que son père âgé avait refusé d’adhérer à l’Association patriotique des catholiques chinois contrôlée par le gouvernement. Son journal intime, qui a été sorti clandestinement de Chine, a des articles qui vont du 13 au 28 juin 2015, et qui donnent un aperçu sur l’état d’esprit du prêtre et sur sa relation à la foi. Le Père Liu ne signale pas qui l’a saisi, mais il raconte qu’il fut détenu dans un grand cimetière public isolé, entouré d’un mur de briques surmonté de fils de fer barbelés. Une source proche de la famille, qui a demandé à demeurer anonyme, a déclaré que la famille du Père Liu avait reçu ce journal intime en 2016. Après avoir été rétive, la famille a fini par décider que c’était l’intention du prêtre de le rendre public. Dans son journal intime, le Père Liu consigne ses pensées sur la possibilité de se sacrifier pour le Seigneur et de sa volonté « d’imiter l’héroïsme » des saints martyrs. Mais il admet franchement qu’il s’interroge parfois pour savoir s’il y « est prêt maintenant », et réfléchissant sur la pensée de Jean XXIII sur l’idée du sacrifice et du martyre pour le Seigneur, [avoue] que cela « lui fait peur ». Le Père Liu écrit que, s’il veut demeurer fidèle à lui-même il doit « compter plus sur Dieu, car le Christ souffrait avec lui ». Il invoque aussi la mémoire de ses « prédécesseurs », notamment l’évêque chinois Peter Joseph Fan Xueyan et le Vietnamien Francois-Xavier Nguyen Van Thuan qui ont, tous les deux, passé de longues périodes de détention sous des régimes communistes à cause de leur foi. Le Père Liu écrit: « leur foi héroïque m’inspire à suivre leurs pas » et qu’il « vit la foi dans un moment particulier ». Il mentionne aussi l’évêque Su Zhimin de Baoding porté disparu depuis 21 ans [cf. l’article « Les “oubliés” de l’accord entre le Saint-Siège et la Chine », dans notre n° 184], comme source d’inspiration. L’évêque Su avait été jugé contre-révolutionnaire par le gouvernement communiste pour avoir refusé de rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois. Le Père Liu dit se souvenir de la première fois qu’il visita un zoo et vu des animaux capturés tremblant dans leurs cages, et en tire une analogie avec la manière dont des humains peuvent traiter d’autres humains. « Les autorités utilisent cette méthode pour gouverner le pays. C’est une violation des droits de l’homme et une honte pour des êtres humains », écrit-il. Bien qu’il ait perdu sa liberté, le Père Liu écrit qu’il continue à offrir ses prières pour son Église, sa famille et ses amis. Il dit qu’il jeûne chaque vendredi et que ceux qui observent [son jeûne] « en sont touchés » et qu’ils ne mangent que des légumes ces jours-là. UCANews, 12 octobre – © CH pour la traduction.

Articles liés

Partages