“Si nous abîmons la liturgie, nous abîmons la foi” Cardinal R. Sarah

“Si nous abîmons la liturgie, nous abîmons la foi” Cardinal R. Sarah

Le cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation du culte divin, célébrait dimanche 13 août en la cathédrale de Luçon la messe anniversaire des 700 ans du diocèse de Vendée. A cette occasion, il a donné une interview à RCF.

Nous avons retranscrit pour vous le texte de son interview, vous pouvez aussi l’écouter ici.

RCF : Éminence, pourquoi avoir répondu à l’invitation de l’évêque Mgr Castet, pour fêter ce jubilé diocésain avec les Vendéens ?

Cardinal Sarah : C’est une joie quand je reçois l’invitation d’un évêque pour partager avec lui un grand évènement comme celui des 700 ans de la fondation du diocèse de Luçon. C’est un évènement ecclésial, un évènement qui touche chacun d’entre nous, un évènement d’espérance aussi parce que la fondation d’un diocèse c’est comme planter un arbre, et cet arbre doit pousser, donner des fruits. Et aujourd’hui je pense que l’on peut dire que ce diocèse a grandi ; bien sûr il a connu beaucoup de difficultés dans l’histoire, beaucoup de destructions, beaucoup de martyrs, mais c’est tout à fait inhérent à la vie chrétienne connaître le martyre : “ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi”. Vivre cet évènement d’espérance était pour moi une grande joie, c’est pourquoi j’ai répondu favorablement à cette invitation et je suis vraiment très heureux de vivre ces évènements avec vous, de prier avec vous, parce que, au fond, c’est Dieu qui fait tout, nous ne sommes que de faibles instruments, des instruments inadéquats, mais l’oeuvre vient de l’Esprit Saint et nous devons toujours espérer que, quelles que soient les difficultés que traverse un diocèse, l’Esprit Saint est là, l’Esprit Saint conduit son Eglise. Les apôtres traversaient le lac et la tempête était si violente que les apôtres avaient peur de périr. Et aujourd’hui on peut comparer l’Eglise à cette barque en train de couler, mais le Seigneur est avec nous, c’est là notre conviction et notre espérance. L’Eglise ne sombrera jamais. Elle connaîtra les difficultés que le Christ a connu, la crucifixion, mais le troisième jour la résurrection. Donc l’Eglise est vivante, l’Eglise vivra.

RCF : Vous avez une profonde attache avec la Vendée, vous l’aviez déjà déclaré en 2012 lorsque vous étiez venu, pouvez-vous nous en reparler ?

Cardinal Sarah : Vous savez que la Vendée a donné beaucoup de missionnaires, et hier je disais que je suis moi-même le fruit de deux missionnaires vendéens, le père Jospeh Brégeon et le père Emmanuel Rabaud, qui est toujours dans le diocèse (j’espère le voir avant que je ne quitte Luçon). Donc j’ai des attaches historiques, des attaches missionnaires et c’est pourquoi c’est un devoir de reconnaissance de venir ici. Pas seulement parce que je dois être reconnaissant envers ces deux prêtres mais c’est au nom de l’Afrique, au nom de toutes les missions du monde que je viens remercier la Vendée qui a donné beaucoup de missionnaires qui sont morts, qui ont donné leur vie : beaucoup de missionnaires vendéens ont donné leur vie pour témoigner de leur foi, pour donner la parole de vie à toutes les nations, pour donner l’amour de Dieu, à toutes les nations. Et donc nous, fils de missionnaires, c’est une attache que nous avons avec la Vendée, et c’est une reconnaissance aussi que de venir vivre cet évènement que vous célébrez aujourd’hui.

RCF : Éminence, vous êtes Préfet pour la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Est-ce que vous pensez que la liturgie, le sens du Beau peuvent être une source de renouveau de la foi et donc de l’Eglise ?

Vous savez qu’il y a un principe de l’Eglise qui dit “lex orandi, lex credendi” : la loi qui nous permet de prier est la même loi qui nous permet de grandir dans la foi. Donc les deux choses vont ensemble. Si nous abîmons la liturgie, nous abîmons la foi. Si nous abîmons la foi, nous abîmerons aussi la liturgie. Les deux vont ensemble parce que celui qui prie c’est celui qui a la foi, celui qui célèbre la liturgie c’est celui qui a la foi. Celui qui n’a pas la foi célèbrera très mal la liturgie. Donc les deux choses vont ensemble, il faut donc une liturgie sacrée, une liturgie belle, une liturgie où l’homme se tourne vers Dieu. C’est le seul moment où l’homme est face à face avec Dieu, la liturgie. Il faut donc soigner ce moment-là par une belle liturgie, de beaux chants. Pas des chants qui sont en train de louer notre propre personne, nos activités. Mais louer Dieu, louer pour tout ce qu’Il a fait pour nous. Il nous a tellement aimés ! Jusqu’à donner Son Fils unique ! C’est pour cela que nous sommes réunis dans la liturgie, pas pour chanter nos exploits, nos réussites, nos misères… Non ! C’est pour louer Dieu. Et donc je pense qu’il est très important de bien célébrer pour grandir dans la foi. Si la célébration liturgique est banalisée, la foi sera également détruite parce qu’elle n’a pas le ciment qui permet de grandir. Et la liturgie est exactement ce qui permet de grandir dans la foi. “Lex orandi, lex credendi”…

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