Moins de 25% des Français ont voté pour lui au 1er tour (encore faut-il décompter le vote utile pour avoir une idée réelle de ses soutiens convaincus) ; à peine 43% du corps électoral (dans un contexte de pression médiatique anti FN) ; un des présidents les plus mal élus de la Vème République. Et maintenant 61% des Français qui veulent une cohabitation. Ajoutez à cela un Louvre à peine rempli et vite déserté (comme les meetings) des rues sans fêtes hier soir…. La réalité d’Emmanuel Macron et d’En Marche c’est ça.
Regardez attentivement la photo qui illustre cet article. Regardez les yeux d’Emmanuel Macron fixant François Hollande, mais surtout portez votre attention sur la main serrée sur l’épaule du futur ex président Hollande. C’est clairement une pression chaleureuse, amicale de victoire commune, loin de la distance d’un félon. Tel est le changement en marche.
Une victoire organisée par le plus mal aimé des présidents français pour reconduire son camp et ses idées, cependant officiellement sanctionnées par le vote ridiculement bas de Benoît Hamon. Une victoire qui, si elle organise à grands frais le transfert du PS vers En Marche, pour une survie du premier dans le second qui (bizarrement ?) évite la déroute financière en passant tout de même la barre des 5%, laisse sur le bord de la Bérézina des Républicains laminés. Pas mieux loti, le Front National se pense à l’abri dans Troie désertée par Agamemnon, mais ne tardera pas à voir que le gonflement de circonstance de son électorat est le cheval d’Ulysse qui sera son talon d’Achille.
Bref une victoire qui ressemble bien à l’ultime sortie épuisante laissant un château protégé sous d’apparentes murailles, mais sans plus aucune force réelle pour se défendre à nouveau. Une victoire à la Pyrrhus que déjà le nouveau vainqueur semble bien en peine de pousser à son avantage.
C’est pourquoi, il me semble que nous venons de remporter la première manche sur le dos de monsieur Macron. Jamais l’opposition à ce qu’il représente n’a été aussi forte dans le pays. Et maintenant que nous sommes débarrassés de l’ambiguïté de ce second tour avec le stérile Front Républicain/Front National (désormais livré à Philippot), nous avons le champ libre pour reprendre la France aux « bobos parisiens » et autre obédience aux intérêts plus particuliers que généraux. Le clivage n’est pas d’abord entre les Français et les étrangers, les riches et les pauvres mais entre le peuple et une élite autoproclamée. L’illusion Macron ne devrait pas durer très longtemps et il est bien probable que, les masques tombés, l’unité du peuple se refera pour défendre et récupérer sa véritable liberté.
Face à cette déferlante du cygne donnant son dernier chant, les catholiques se sont battus comme des lions. Ils ont prouvé, même avec la division du second tour, qu’ils étaient de retour dans l’arène politique, qu’ils comptaient et qu’ils ne lâcheraient rien. Malgré nombre de maladresses, dues à l’impréparation d’une armée de va-nu-pieds plus à l’aise avec l’escarmouche qu’avec l’organisation frontale d’un champ de bataille, il me semble qu’un véritable satisfecit peut être adressé à ces Vendéens d’un nouveau genre. Mais un satisfecit qui doit aussi tirer les conclusions de ses limites et de son inexpérience. Nous restons, comme les armées vendéennes, trop divisées. Nous demeurons, comme elles, écrasés par la force qui nous fait front. Cependant, le rappel à l’enjeu vendéen ne me semble pas abusif. Comme face aux révolutionnaires qui, sous couvert de liberté du peuple, l’ont autrement enchaîné, les Vendéens ne se battaient pas pour le roi, mais pour la civilisation fondée sur l’Evangile que niaient les nouveaux maîtres de Paris. Et c’est bien face au changement de civilisation que « nous ne lâchons rien » et que les catholiques sont sortis des chemins creux. On pourra croire que le sacrifice vendéen fut inutile, mais grâce à eux nous avons obtenu ce qu’on voudrait nous refuser aujourd’hui : la liberté religieuse et de conscience.
Au-delà des faits d’armes héroïques d’une époque particulière de notre histoire, alors que peut-être certains, désabusés, voudraient baisser les bras, n’oublions pas cette ultime phrase de Charrette au moment de sa captivité « Rien ne se perd ».