Du 14 au 21 novembre 2017, les évêques uruguayens entament leur visite ad limina au Vatican. L’occasion de faire le bilan de l’action de l’Église dans ce pays qui compte plus de 2,6 millions de baptisés catholiques, soit plus de 75% de la population.
Colonie espagnole d’abord sous la juridiction ecclésiastique de Buenos Aires au 17ème siècle, l’Uruguay est essentiellement évangélisé par les Jésuites. Dès 1830, la première constitution proclamant l’indépendance du pays déclare le catholicisme comme religion d’État. Mais cela n’empêchera pas le processus de sécularisation de la société uruguayenne de s’accélérer. Venue de France, la pensée anticléricale se diffuse progressivement dans le pays.
En 1837, le mariage civil est reconnu et dès 1907 le divorce est légalisé, prémices à la nouvelle constitution actant la séparation de l’Église et de l’État uruguayen en 1917. Plus récemment, dans les années 2010, la légalisation de l’avortement et du mariage homosexuel ont suscité une vive opposition de l’Église catholique. Malgré une majorité de baptisés, une grande partie des Uruguayens se déclare aujourd’hui sans religion.
Durant sa visite en 1987, le Pape Jean-Paul II avait adressé un avertissement aux Uruguayens, leur rappelant que leur patrie est née catholique : «L’Uruguay contemporain atteindra la vraie réconciliation et le développement intégral s’il ne s’éloigne pas du regard du Christ, prince de la paix». Le phénomène massif de désaffiliation et d’indifférence religieuse différencie l’Uruguay des autres nations latino-américaines, dont une très large majorité de la population demeure très croyante et pratiquante. L’Uruguay affiche une sociologie religieuse plus proche de celle de l’Europe que de ses voisins.
Le premier cardinal uruguayen, Mgr Antonio María Barbieri, archevêque de Montevideo, fut nommé par le Pape Jean XXIII en 1958. En 2015, le Pape François a élevé à la pourpre cardinalice l’archevêque de Montevideo, Daniel Fernando Sturla Berhouet, qui est actuellement, à 58 ans, l’un des plus jeunes membres du collège cardinalice. En tant qu’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait développé des liens avec cette nation frontalière de son diocèse, situé de l’autre côté du Rio de La Plata. Par la suite, durant son pontificat, le Pape François a reçu à plusieurs reprises l’ancien président uruguayen Jose Mujica, égérie de la gauche alternative en Amérique latine, avec qui il a développé une étonnante proximité. Ce président, bien qu’athée revendiqué, partageait le pouvoir avec un vice-président catholique.
Aujourd’hui, outre la sécularisation, l’Église d’Uruguay est confrontée à divers problèmes sociétaux, dont le problème des enfants passeurs de drogue. Un phénomène décrié de manière récurrente par les évêques. Le 1er mars 2017, les évêques avaient également organisé une journée pénitentielle dans le pays pour demander pardon pour les abus sexuels commis par des membres du clergé.
Autant de questions qui seront soulevées durant leur séjour d’une semaine au Vatican, à la rencontre des différents dicastères de la Curie romaine. Le Pape François les recevra ce jeudi 16 novembre à 10h45. Les visites “ad limina” donnaient autrefois lieu à un discours officiel du Pape, mais François a préféré leur donner la forme d’un dialogue informel et fraternel.