Pour le président de la conférence épiscopale du pays, Mgr José Luis Azuaje Ayala, les pénuries ont fait entrer le peuple dans un cercle vicieux, l’empêchant de penser et de se réaliser.
Le climat politique est toujours des plus tendus au Venezuela. La présidentielle anticipée a été fixée au 22 avril prochain. Investi par son parti au début du mois, Nicolas Maduro sera bien candidat à sa réélection. Mais en face, les trois principaux partis d’opposition, réunis au sein de la Table de l’unité démocratique (MUD), n’ont pas encore décidé s’ils participeront au scrutin. Ils craignent de possibles fraudes.
La réaction de l’opposition est justifiée selon, le président de la conférence épiscopale, Mgr José Luis Azuaje Ayala, évêque de Barinas, car l’accord qui a été présenté au MUD ne répond ni à ses attentes, ni à celles du peuple vénézuélien. «Nous considérons que l’appel à des élections anticipées, qui devraient normalement avoir lieu cette année en décembre, arrange le gouvernement et non le peuple. Il n’y a aucune garantie électorale sur l’honnêteté dans la procédure» explique-t-il à la rédaction espagnole de Vatican News.
«300 000 enfants qui risquent de mourir de malnutrition»
Il faut d’abord «résoudre les problèmes humanitaires, les problèmes de pénuries de produits de toutes sortes et principalement les denrées alimentaires, mais aussi s’occuper du secteur de la santé, de l’inflation galopante» explique Mgr José Luis Azuaje Ayala. Conséquence la plus préoccupante de cette pénurie alimentaire, la malnutrition infantile. «On parle de 300 000 enfants qui risquent de mourir de malnutrition», s’inquiète l’ évêque de Barinas. «On voit tous les jours des personnes fouiller dans les poubelles, se désole-t-il. C’est triste dans un pays avec autant de ressources naturelles.» Les Vénézuéliens doivent consacrer chaque jour de longues heures à trouver de la nourriture ou des médicaments. De longues heures qu’ils devraient normalement passer à travailler et à gagner de l’argent. Un cercle vicieux qui au final «asservit le peuple et l’empêche de penser et de se réaliser» constate le prélat.
Autre problème majeur soulevé par l’évêque, l’exil massif des Vénézuéliens. «Au siècle dernier, nous avons accueilli des millions de personnes de pays en conflit et nous n’aurions jamais pensé nous retrouver dans cette situation de migration force» explique le président de la conférence épiscopale. Et d’ajouter que «les évêques ont toujours dit que la solution n’était pas de franchir la frontière, mais malheureusement, le gouvernement est déterminé à maintenir ce système économique qui a appauvri notre peuple.»
Mgr José Luis Azuaje Ayala dénonce enfin «la violation systématique des droits de l’homme et l’intensification de la repression» contre les manifestants. «Beaucoup de personnes ont été tuées dans les marches et manifestations, insiste l’évêque. Elles ont malheureusement perdu la vie, au nom de la liberté, des mains des forces de sécurité.» Et de conclure: «nous savons qu’il y aura davantage de représailles lorsque le gouvernement se sentira à nouveau bloqué. Nous serons donc vigilants au service que nous pouvons apporter au peuple vénézuélien».