À Notre-Dame de Paris sont conservées les insignes reliques de la Passion du Christ : la Sainte Couronne d’épines, un morceau de la Croix, un Clou de la Passion. Elles sont présentées à la vénération des fidèles chaque premier vendredi du mois, chaque vendredi de carême.
Vendredi Saint, elles le seront de 10h à 17h.
Par la vénération de ces reliques, les croyant s’unissent à la contemplation du Mystère pascal qui est à la source de la foi en tant qu’expression de l’amour rédempteur du Christ qui a livré sa vie pour le Salut du monde.
La plage horaire de la vénération est suffisamment longue pour que chacun puisse y participer avant ou après les dévotions organisées dans chacune des paroisses parisiennes et francilienne.
Les reliques de la Passion
Leur longue histoire trouve ses racines en Terre Sainte, à Jérusalem. Saint Jean rapporte que les soldats romains, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint, se moquèrent du Christ et de sa Royauté en le revêtant d’un manteau de pourpre et le coiffant d’une couronne garnie d’épines avant de le crucifier (évangile selon saint Jean, chap. 19). La vénération des instruments de la Passion du Christ est mentionnée dès le IVe siècle dans les récits des pèlerins s’étant rendus à Jérusalem, particulièrement la Vraie Croix découverte par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, peu après le concile réuni à Nicée en 325. Entre les VIIe et Xe siècles, ces reliques seront progressivement transférées à Constantinople dans la chapelle des empereurs byzantins pour les mettre à l’abri de pillages semblables à ceux subis par le Saint-Sépulcre lors des invasions perses. En 1238, Baudouin II de Courtenay, l’empereur latin de Byzance en grande difficulté financière, propose au roi de France Louis IX, futur saint Louis, de lui engager la Couronne d’épines, offre que ce dernier accepte. Mais les régents de l’Empire ont déjà mis les reliques en gage auprès de banquiers vénitiens que saint Louis dédommagera. Le 10 août 1239, il accueille vingt-deux reliques à Villeneuve-l’Archevêque. Le 19 août 1239, la procession arrive à Paris, le roi délaisse ses atours royaux, endosse une simple tunique et, pieds nus, aidé de son frère, porte la Sainte Couronne jusqu’à Notre-Dame de Paris. Il fait alors édifier un reliquaire à la mesure de ces reliques : la Sainte-Chapelle. Durant la Révolution française, les reliques seront déposées à l’abbaye de Saint-Denis puis, dépourvues de leurs reliquaires, à la Bibliothèque nationale. Suite au Concordat de 1801, la Sainte Couronne est remise en 1804, avec quelques autres reliques, à l’archevêque de Paris qui les affecte au trésor de la Cathédrale le 10 août 1806. Elles s’y trouvent conservées depuis lors, confiées aux chanoines du Chapitre chargés de leurs vénérations et placées sous la garde statutaire des Chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
La Sainte Couronne est, sans doute, la plus précieuse et la plus vénérée des reliques conservées à Notre-Dame de Paris : elle est porteuse de plus de seize siècles de prière fervente de la Chrétienté. Elle est constituée d’un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or, d’un diamètre de 21 centimètres, sur lequel se trouvaient les épines. Ces dernières ont été dispersées au cours des siècles par les dons effectués par les empereurs de Byzance et les rois de France. On en compte soixante-dix, de même nature, qui s’en affirment originaires. Depuis 1896, elle est conservée dans un tube de cristal et d’or, couvert d’une monture ajourée figurant une branche de zizyphus ou Spina Christi – arbuste qui a servi au couronnement d’épines. Ce reliquaire, offert par les fidèles du diocèse de Paris, est l’œuvre de l’orfèvre M. Poussielgue-Rusand (1861-1933) d’après les dessins de l’architecte J.-G. Astruc (1862-1950).
Le fragment du Bois de la Croix provient lui aussi de celui conservé au trésor de la Sainte-Chapelle. Il fut prélevé lors de la destruction du reliquaire à la Révolution et sauvé par un membre de la Commission temporaire des Arts qui le remettra à Notre-Dame en 1805. Conservé dans un écrin de cristal, ce fragment est d’une longueur de 24 cm et présente à son extrémité une mortaise destinée à son encastrement, éléments correspondant exactement à l’une des traverses de la croix vénérée par saint Louis dont les plans ont été conservés.
Le Clou trouve ses origines dans le trésor du Saint-Sépulcre. Le Patriarche de Jérusalem le remit, avec d’autres reliques de la Passion, à l’empereur Charlemagne en 799. C’est à Aix-la-Chapelle que le roi Charles II l’enleva pour l’offrir à l’abbaye de Saint-Denis où les fidèles purent le vénérer. À la Révolution française, il fut lui aussi sauvé par un membre de la Commission temporaire des Arts qui le conserva et le remit en 1824 à l’archevêque de Paris. D’une longueur de 9 cm, il est conservé dans un reliquaire en forme de clou, simple tube de cristal orné d’une tête et d’une pointe en argent doré.
Ces reliques sont conservées aujourd’hui dans la chapelle d’axe, chapelle capitulaire de l’Ordre du Saint-Sépulcre, déposées dans un reliquaire de verre évoquant le manteau de pourrapre dont le Christ fut revêtu au cours de sa Passion.