omment barrer la route à un juge nommé par Donald Trump à la Cour suprême qui donnerait la majorité aux magistrats opposés à l’avortement ? Élémentaire à l’heure de #MeToo ! L’accuser d’agression sexuelle, à défaut de viol. Même si l’agression supposée oblige à remonter à une soirée trop arrosée entre lycéens, il y a plus de trente-cinq ans…
Brett Kavanaugh, 53 ans, a été choisi au début du mois de juillet par Donald Trump pour siéger à la Cour suprême des Etats-Unis mais sa nomination doit être confirmée par le Sénat (cf. LSDJ 397). Ce juge chevronné, catholique social, n’a rien d’un extrémiste, mais son accession à la Cour suprême ferait basculer durablement la majorité dans le camp des conservateurs opposés notamment à l’actuelle législation sur l’avortement. Les démocrates mettent tout en œuvre pour l’empêcher d’être élu avant le 6 novembre, jour des élections sénatoriales de mi-mandat où ils espèrent regagner la majorité. Ayant passé au crible son parcours (ancien conseiller juridique à la Maison-Blanche sous Bush junior, ancien collaborateur à la Cour suprême du juge parti à la retraite qu’il doit remplacer) et n’ayant pas trouvé d’affaire pendable, ils sont remontés aux années d’études de Brett Kavanaugh. Bonne pioche : l’une de ses anciennes camarades de lycée l’accuse d’ « agression sexuelle », et deux autres femmes, dans la foulée, d’ « inconduite sexuelle » mais celles-ci n’ont pas été invitées à témoigner contre lui devant la commission judiciaire du Sénat.
La principale accusatrice de Kavanaugh est Christine Blasey Ford, 51 ans, professeur de psychologie. Elle a témoigné sous serment devant la commission judiciaire du Sénat qu’elle était sûre « à 100 % » que Brett Kavanaugh était bien celui qui avait tenté de la violer lors d’une soirée en 1982. Elle avait alors 15 ans et lui 17. Le juge a farouchement démenti : « Je n’ai jamais agressé qui que ce soit, ni au lycée, ni à la fac, jamais. » Au bord des larmes, il a dénoncé « un assassinat politique orchestré et calculé, […] qui a totalement détruit ma famille et ma réputation. » Leur confrontation indirecte, devant une femme, procureur spécialisé dans les affaires d’agressions sexuelles, a battu des records d’audience.
Le président de la Commission, un républicain, a estimé que « le témoignage de Mme Ford était crédible », mais que « la charge de la preuve n’était pas atteinte ». Le FBI dispose d’une semaine pour diligenter une nouvelle enquête sur les antécédents du juge. Le vote du Sénat prévu en séance plénière ce 29 septembre a donc été repoussé de huit jours. Obligé de s’incliner, Donald Trump s’est néanmoins dit convaincu dans un tweet, selon son habitude, que Brett Kavanaugh « sera un jour ou l’autre reconnu comme un Juge de la Cour Suprême des Etats-Unis vraiment formidable ». Pour défendre Brett Kavanaugh, 65 femmes le connaissant depuis plus de trente ans, ont publié une lettre pour assurer qu’il « traite les femmes avec respect ».
Entretenu par les médias divisés entre pro et anti Kavanaugh, le suspense tient en haleine tout le pays. Ce déballage met les Républicains sous la pression des féministes, alors que les élections parlementaires du 6 novembre pourraient leur faire perdre leur très courte majorité au Sénat (51 sièges sur 100). La bataille est d’autant plus intense que la nomination du juge Kavanaugh ferait pencher la Cour suprême vers la droite conservatrice, hostile au droit à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’immigration.
Source : La sélection du jour (LSDJ) avec Marie de Nazareth.com