La nouvelle a été un véritable choc: le décret du Pape François procédant à la mise sous tutelle de Caritas Internationalis a été perçu avec stupeur. Il a été lu par le cardinal Tagle devant les représentants des différentes Caritas du monde à Rome. Ce dernier n’est plus président, même si selon les termes du décret romain, il demeure provisoirement “chargé en particulier de veiller aux relations avec les Eglises locales et avec les organisations membres de Caritas Internationalis“. Pourtant, malgré les assurances du cardinal, l’auditoire était fortement étonné. Même la presse catholique parle de “coup de force” de la part du Pape François. C’est dire le malaise.
Malaise dans le management de Caritas ? Un climat de peur…
Il n’y a pas eu de scandale touchant aux mœurs ou de nature financière. En fait, le communiqué fait apparaître « d’autres thèmes importants et domaines nécessitant une attention urgente » pendant l’enquête: « des faiblesses dans les procédures de gestion », avec « un effet négatif sur l’esprit d’équipe et le moral du personnel ». On dénoncerait ainsi le favoritisme, mais aussi un climat de peur et d’intimidation, selon l’agence Reuters. Il y aurait ainsi eu des départs du siège romain, d’après un témoignage anonyme. Le communiqué parle « d’améliorer les normes et procédures de gestion » et de « mieux servir les organisations caritatives membres de la confédération dans le monde ». Un administrateur provisoire, Pier Francesco Pinelli, a été nommé. Il sera assisté de Maria Amparo Alonso Escobar, responsable des campagnes de Caritas et d’un prêtre jésuite, Manuel Morujão, qui interviendra dans le “volet” spirituel.
Les conséquences des multiples crises dans le monde ?
Mais la crise sanitaire, la guerre en Ukraine ont contribué à solliciter Caritas. Pour le cardinal Czerny, préfet du Dicastère pour le développement humain, « ces dernières années, nous avons constaté une augmentation significative des demandes en provenance des nombreuses personnes que Caritas aide, et il est impératif que Caritas Internationalis soit bien préparée à relever ces défis ».
Un climat de fin de règne ?
Mais certains s’interrogent aussi sur la portée de cette restructuration. Alors que des griefs pouvaient être justifiés, était-il nécessaire de procéder à une décision aussi radicale ? On notera aussi que le climat de « fin de règne », qui tend à être de plus en plus manifeste à Rome, révèle un frein dans le parcours du cardinal Tagle. Créé cardinal en 2012 et nommé préfet du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation en 2019, il devient, dans la seule situation de Caritas Internationalis, un simple membre de l’équipe transition. On estime aussi que le rôle du cardinal Michael Czerny est renforcé. Il est réputé proche du Pape, étant à la tête du Dicastère pour le développement humain intégral.
Bref, beaucoup de questions, des réponses multiples, mais aussi des interrogations sur la tournure du Pontificat actuel, dont même les démarches réformatrices peuvent susciter des circonspections.