Un prêtre écrit une lettre ouverture au cardinal Barbarin suite à sa gestion des abus sexuels

Un prêtre écrit une lettre ouverture au cardinal Barbarin suite à sa gestion des abus sexuels

Cette lettre ouverte tourne en boucle dans les médias nationaux. Le prêtre a lancé une pétition pour exiger la démission de Mgr Barbarin.

Monsieur le Cardinal,

Suite à la lettre du Pape François au Peuple de Dieu que je reçois dans son entier, il me paraît évident que l’heure est venue de passer aux actes. Or, en tant que simple prêtre, heureux de l’être,  je ne peux pas considérer comme suffisante la démarche de jeûne et de prière, même si elle est très importante. Elle demande à être suivie d’effets concrets. Puisque notre Pape en appelle à toute l’Eglise pour intervenir dans cette crise, pour ma part, afin de ne pas  être considéré comme votre complice, je me lève pour affirmer ouvertement ce que je pense déjà depuis longtemps et dont je vous avais fait part de façon privée.

Je vous demande donc publiquement et sans détour de donner votre démission de cardinal et d’archevêque de Lyon dans les plus brefs délais. Vous auriez dû la remettre après votre lapsus « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ». Je n’insisterai pas sur vos trois reculades pour la connaissance des faits criminels commis par Bernard Preynat ni sur votre attentisme à prendre des décisions. Je n’insisterai pas davantage sur le fait que Bernard Preynat est toujours prêtre et qu’il n’a reçu aucune condamnation sous quelque forme que ce soit.

L’appel du Pape est clair. Le Peuple de Dieu doit réagir et je suis donc dans mon droit de l’appeler à le faire. C’est une question d’honneur.  Nous sommes à une de ces heures cruciales de l’histoire où de grands actes s’imposent. Pour vous encourager à prendre enfin vos responsabilités, je me permettrai simplement de vous rappeler cette phrase citée par Henri de Lubac du père Yves de Montcheuil arrêté à la Grotte de la Luire dans le maquis du Vercors le 27 juillet 1944 et fusillé à Grenoble dans la nuit du 10 au 11 août suivant : « Il y a une intensité et une qualité d’existence plus grande dans l’acte de mourir pour être fidèle au devoir que dans une longue vie comblée, sauvée par la lâcheté. »

Donner votre démission de cardinal et d’archevêque serait bien sûr une mort sociale, mais quelle assomption personnelle en retour ? Vous seriez enfin à la hauteur de l’évènement. Croyez-vous être un serviteur indispensable au Peuple de Dieu jusqu’à la fin de votre mission alors que Jésus nous invite au contraire (Lc 17,10) ? Le siège de saint Pothin et de saint Irénée vaut ce sacrifice puisqu’il sera fait pour le bien de tous et particulièrement des victimes. Vous avez reconnu vous-même des erreurs de gestion. Pourquoi resteriez-vous indéfiniment en place après les avoir commises ?

J’invite mes confrères à signer cette pétition ainsi que tous les membres de l’Eglise conscients de l’importance du mal fait aux victimes d’abus de toutes sortes. Que chacun le fasse en étant conscient de sa responsabilité à répondre à l’appel du pape François. Que personne ne soit animé seulement par la colère ou par une réaction vindicative mais dans le respect qui vous est dû pour que vous tiriez avec honneur les conséquences de vos responsabilités et pour qu’ainsi s’ouvre le chemin de l’avenir, tant pour les nombreuses victimes que pour l’Eglise.Cette invitation est aussi destinée à ceux et à celles qui se sentent concernés par les problèmes des victimes.

Dans la vérité, fille du Saint-Esprit, avec le respect qui vous est dû.

Père Pierre Vignon, prêtre

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