Les nombreuses réactions à la publication de notre article sur les problèmes de remboursement ou de déremboursement des soins aux enfants handicapés par l’assurance maladie, nous ont conduit à reprendre notre publication, en y intégrant le débat auquel il a donné lieu sur les réseaux sociaux.
Voici le témoignage à l’origine de la discussion.
Dans un souci de clarté de la procédure, une praticienne à tenu à apporter quelques points d’éclairage que nous intégrons ici.
Je me permets de vous alerter sur l’article “L’assurance maladie décide de ne plus rembourser des soins destinés aux enfants handicapés”.
Votre article n’est pas complet et met tout le monde sur le chemin de la désinformation.
Je suis orthophoniste en libéral (et au passage catho aussi mais aucun lien …), je suis donc bien au courant de ce qu’il se passe.
La sécu ne dérembourse pas les soins.
Lorsqu’un enfant est suivi en centre, le centre possède un budget fourni par la sécu, pour le prendre en charge.
Lorsque le centre prescrit des séances chez un spécialiste (ortho, ou kiné) :
– si le centre a en ses murs ce spécialiste, c’est lui qui prend en charge sur son budget alloué.
– s’il n’a pas de spécialiste, il doit payer un professionnel en libéral sur son budget en établissant une convention avec lui. En effet, il n’est pas normal que la sécu rembourse des soins qui sont déjà compris dans l’enveloppe de départ fournie au centre ! C’est ce qu’on appelle la double prise en charge.
Sachez d’ailleurs que lorsque la sécu se rend compte qu’elle a doublement remboursé des soins en libéral par ailleurs compris dans le budget du centre, elle se retourne vers le professionnel libéral et lui demande de tout rembourser (170€ / mois, comme précisé dans l’article, sur plusieurs années de prise en charge … je vous laisse faire le calcul. C’est impossible pour nous !) Il est normal donc de faire la lumière sur ces doubles prise en charge qui creusent le trou de la sécu …
Cet article tourne pas mal sur les réseaux sociaux depuis hier, sans avoir de bonnes critiques car le contenu est faux.
Et malheureusement le raccourci est vite fait : catho / désinformation … au coeur du débat sur l’avortement …. je ne vous raconte pas !
Je pense donc qu’il serait souhaitable de faire modifier cette article.
La CPAM peut répondre d’ailleurs à toutes vos questions pour qu’il n’y ait pas de méprise !
Bonne suite dans vos missions !
Bien cordialement,
AB
Cet article soulève à mon sens un véritable problème. Au-delà du titre provocateur et accrocheur, la prise en charge médicale et/ou paramédicale des enfants handicapés relève parfois du parcours du combattant pour les parents et certains peinent à s’y retrouver.
La mise au point de l’orthophoniste a le mérite de clarifier la procédure, et d’expliquer ce qui devrait être.
Devrait… Le CAMSP n’est pas toujours prêt à laisser les familles consulter dans le libéral quand il n’y a pas, au sein du centre dont dépend l’enfant, le professionnel nécessaire ou quand la liste d’attente est trop longue. Ce ne sont alors pas les prétextes qui manquent et il faut une réelle dose d’énergie et parfois d’abnégation pour passer outre freins et réflexions, il faut du temps et de la persévérance pour que ces enfants soient accompagnés au mieux dans leurs besoins particuliers. La jungle administrative est un vrai dédale !
Le témoignage de la jeune maman de l’article n’est pas à remettre en cause, et nous avons d’autres témoignages allant dans le même sens : une maman a même dû faire suivre sa jeune fille trisomique dans le département voisin, pour qu’elle puisse bénéficier de séances d’orthophonie ! Il y a des étapes de développement ou d’apprentissage qui ne peuvent attendre.
Et si, normalement, le CAMSP doit financer les consultations qu’il ne peut assurer (sur la base de l’enveloppe qui lui est allouée), il s’avère que dans la réalité ce n’est pas toujours le cas, mais l’assurance maladie considère pourtant que ça l’est. Ce qui peut s’avérer très lourd pour les familles.