Tribune de Christian Vanneste – L’économie n’est qu’un moyen l’essentiel est la civilisation

Tribune de Christian Vanneste – L’économie n’est qu’un moyen l’essentiel est la civilisation

« Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Cette phrase du Général de Gaulle rapportée par Alain Peyrefitte, qui explique la politique « algérienne » du Général par le réalisme politique beaucoup plus que par les principes abstraits qu’on lui prête souvent, est avec raison utilisée pour mettre en garde contre une immigration excessive qui aurait finalement le même effet que le maintien de l’Algérie française : une disparition progressive, démographique et culturelle de notre nation. Celle-ci est déjà en marche. La récente élection présidentielle en a sans doute accéléré le processus.

Le terrain privilégié de la campagne a été l’économie. Ce choix a mis à l’écart les questions de l’identité menacée de notre pays, de la sécurité de ses habitants, par rapport au terrorisme mais pas seulement, et celle de notre politique internationale. La droite a enfourché ce cheval de bataille en étant persuadée que sa compétence, à l’évidence plus grande que celle des socialistes, allait être accentuée aux yeux de l’opinion par les cinq années désastreuses du mandat Hollande résumées par l’échec de la prétendue lutte contre le chômage. Le programme de Fillon était de loin le plus sérieux et le plus cohérent sur ce point. Il s’est heurté à trois obstacles mortels. D’abord, le candidat masqué de la gauche, le président actuel, avait gommé son socialisme originel, abandonné à des démagogues, l’un habile et l’autre ridicule. Le ralliement d’hommes soi-disant de « droite » dès le début de la campagne, comme la nomination de deux ex-LR aux ministères de l’économie et du budget après l’élection, participent à cette entreprise de séduction par l’économie qui a fonctionné auprès du Medef et d’une partie de l’opinion. Un banquier est efficace en économie ! L’expérience de la crise des « subprimes » aurait pourtant dû éteindre cette illusion, notamment à l’égard d’un professionnel à l’expérience très limitée. Mais, le programme  tardif du candidat élu avait le grand mérite d’être beaucoup moins sévère que celui du gaulliste. Le premier visait le succès électoral à tout prix, l’autre le redressement du pays. Les Français qu’on traite à la morphine de l’assistance, de l’emploi public débordant et de l’endettement depuis près de quarante ans ont préféré la thérapie douce au remède de cheval. Le coup de Jarnac fut porté par le duo justice-médias : un mis en examen, manifestement soucieux de son niveau de vie familial, pouvait-il être aussi exigeant envers ses concitoyens ? L’autre « droite », le Front National, n’a pas voulu être en reste, et a laissé ses positions économiques prendre le dessus dans le débat sur ses revendications en matière de sécurité et d’immigration. L’abandon unilatéral de l’Euro et la démagogie sociale ont empêché beaucoup d’électeurs de droite sérieux de rejoindre un pareil projet au second tour. La droite a perdu la bataille de l’économie contre toute attente.

Sarkozy avait été au Budget, à l’Intérieur et à l’Economie. C’est le Ministre de l’Intérieur (et son Kärcher au service de l’identité nationale) qui a été élu en 2007. Il fallait déployer la stratégie sur le même terrain, celui où le président élu n’a aucune compétence et fait même preuve d’ignorances coupables. L’économie n’est pas une fin mais un moyen. Seul un pays prospère peut défendre son existence et son identité. Macron pense qu’il n’y a pas de culture française mais des cultures en France parce que sa logique lui fait concevoir la France comme un territoire plus que comme une histoire et le peuple français comme une population, non comme une nation. Ses déclarations favorables à l’immigration lui font envisager celle-ci comme un atout économique, d’ailleurs discutable, sans tenir compte des problèmes culturels qu’elle engendre. La majorité des Français sont blancs. Ce n’est pas décisif, mais dès lors que selon le modèle américain, on considère la couleur comme une barrière qui sépare de prétendues communautés, on crée alors des risques de conflits. En revanche, la culture, et la religion, dont les sots seulement ignorent le rôle culturel considérable, sont au coeur de l’identité et de la cohérence d’un groupe national. Sur ce plan, la religion musulmane pose un problème particulier : contrairement au christianisme ou au bouddhisme, elle n’est pas violente par accident. Elle est née dans la guerre. Certes beaucoup de musulmans se sont éloignés de cette origine, mais le risque subsiste comme en témoignent le terrorisme actuel et le fait que, dans le monde entier, il n’y a guère de pays où la présence de musulmans n’engendre pas des frictions communautaires. De plus, la discrimination est essentielle dans cette religion, puisqu’elle institue une supériorité du musulman au détriment des adeptes d’autres confessions, et professe un sens aigu de l’inégalité, notamment entre les hommes et les femmes. La critique de ces aspects de l’islam n’a rien d’une phobie et le discours convenu sur l’égalité des religions relève de l’aveuglement. L’identité française subit deux menaces, celle d’une population musulmane excessive, mais aussi celle d’une absorption par le Mac-World anglo-saxon. L’Europe, même délivrée de l’Angleterre, et dominée par l’Allemagne, ne nous protégera pas sur ce plan puisqu’elle est un vecteur de la mondialisation et que l’Allemagne est une zone de prospérité relative qui, subissant le poids de l’histoire, répugne à s’affirmer comme nation. Face à la « catastrophe populiste », le candidat élu en France est donc apparu comme le sauveur de la mondialisation en marche. La caste dominante et ses médias lui en sont infiniment reconnaissants.

On remarquera enfin que Macron a gagné contre des candidats, François Fillon et Marine Le Pen, qui, tous deux, souhaitaient une réorientation à l’égard de la Russie de Poutine. Il y avait là au moins une volonté d’indépendance sinon de solidarité civilisationnelle avec un grand pays, européen et chrétien essentiellement, qui cultive l’héritage grec à travers l’orthodoxie comme nous avons hérité de Rome par le catholicisme. La Russie et la France avaient une mission reconnue à ce titre de protection des Chrétiens d’Orient, que la Russie a retrouvée alors que notre pays y manquait. On dira bien sûr que l’on doit s’éloigner de Moscou au nom de la démocratie et du droit international. Les mêmes qui ont empêché Trump de se rapprocher de Poutine cherchent aujourd’hui à l’évincer. Ce sont eux qui tressent des louanges au nouveau président français. Chez BFM, « embourbé dans les affaires » est un titre qui vise aujourd’hui Trump après avoir servi contre Fillon. Cette servilité des médias pour manipuler l’opinion au profit d’une pensée unique de même que l’alliance avec des démocraties aussi rayonnantes que l’Arabie saoudite devraient modérer notre arrogance au nom des droits de l’homme et de la démocratie. Ce sont des mots d’autant plus souvent proclamés qu’ils correspondent de moins en moins à la réalité.

 

 Source Blog de Christian Vanneste

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