Beaucoup d’entre nous observent avec une inquiétude croissante les grandes manoeuvres qui se mettent en branle à l’approche des élections présidentielles. L’électorat de droite est pour le moins déboussolé, et la notation des candidats, que nous avons dévoilée la semaine dernière, ne porte pas à l’optimisme.
Les manifestations de 2013 ont soulevé un grand espoir dans le peuple de droite : la résistance allait s’organiser. Il apparaît pourtant que celle-ci s’est épuisée. À cet égard, le livre que publie cette semaine Guillaume Bernard, docteur en histoire des institutions et des idées politiques, notamment enseignant à Sciences-po Paris, intitulé La guerre des droites aura bien lieu (Desclée de Brouwer), nous met en garde sur la façon d’agir dans les mois à venir. Je le cite :
« C’est parce qu’il a correspondu à l’exaspération et au besoin d’action des « gens normaux » que le mouvement LMPT a émergé. C’est en restant enraciné dans le peuple qu’il aurait pu se maintenir et progresser. La capacité de LMPT à se développer dépendait non seulement de son refus de toute compromission avec l’ensemble des partis politiques, mais aussi de sa transformation en un lobby.
Or, s’imaginer qu’il était plus facile d’obtenir la reconnaissance de ses revendications en intégrant un parti, c’était méconnaître le fonctionnement cynique de la vie politique (… ) L’unité et la dynamique de LMPT ont été en grande partie ruinées sinon par l’ambition, du moins par la naïveté de certains de ses cadres militants qui ont cru de bonnes stratégies de faire de l’entrisme (Sens commun) dans un parti politique (les Républicains). Vu le nombre restreint d’investiture, et infinitésimal le nombre d’élus obtenu, vu surtout les reniements qu’ils ont dû accepter au nom de la discipline de vote (par exemple sur le pass-contraception dans le budget des régions), l’échec est patent. C’est peut-être cette amère constatation qui a conduit la direction de Sens commun à se lancer à corps perdu (en oubliant les engagements de « la droite que nous voulons », qui ne devait faire aucun compromis sur les valeurs) dans les combinaisons politiciennes : soutenir un supposé présidentiable (François Fillon) en délaissant un « candidat de témoignage » (Jean-Frédéric Poisson). Du slogan « on ne lâche rien » de L MPT, certains dirigeants de ce parti n’en sont arrivés qu’à être « lâches pour rien », car que peut, en 2017, espérer leur organisation ? Une poignée de circonscriptions législatives (moins de 10 sur 577), et un éventuel portefeuille ministériel noyé dans une équipe gouvernementale ne partageant globalement pas les mêmes orientations. Pour peser, cela va être compliqué… »
Deux pages plus loin, Guillaume Bernard donne la clé de l’action qui, selon lui, doit être menée. Je le cite à nouveau :
« Au final, que peuvent espérer faire les catholiques dans le cadre des élections ? Ne pouvant emporter à eux seuls un scrutin, ils sont en mesure de le faire basculer. Ils ne peuvent espérer peser sur la politique qu’à la condition de devenir un électorat flottant, c’est-à-dire susceptible de changer sa participation (vote d’abstention) ainsi que son bulletin (blanc ou exprimé) en fonction des enjeux (circonstances) et de l’offre (candidats, programmes). Leur poids ne sera pris en considération que le jour où de possibles faux « amis » ne seront plus certains de tenir leurs suffrages sous prétexte d’un « ennemi » commun. »
Le mode opératoire que propose Guillaume Bernard doit donner à réfléchir à tous les résistants de la première heure qui pourraient être tentés par de vains compromis, menant à une compromission catastrophique qui ferait très sûrement perdre pour la France les élections décisives de 2017.
Source Liberté Politique