Transhumanisme – Une chimère porc-homme

Transhumanisme – Une chimère porc-homme

Une première, spectaculaire. Applaudir ou se taire ? Les mythes et leurs chimères commencent à sortir des cornues. Lentement, certes, mais ils sortent. Des embryons de porcs contenant des traces d’humanité biologique ont été créés par une équipe de biologistes américains et espagols. Dirigée par Jun Wu and Juan Carlos Izpisua Belmonte (Salk Institute, La Jolla, Californie) l’équipe signe cette première dans la revue Cell : « Interspecies Chimerism with Mammalian Pluripotent Stem Cells ». C’est un travail d’ores et déjà salué par la communauté scientifique, comme le rapporte la BBC : « Human-pig ‘chimera embryos’ detailed » ; ainsi que The New York Times :  « New Prospects for Growing Human Replacement Organs in Animals ».

Tout est encore balbutiant. Mais on saisit les grandes lignes. Des cellules souches humaines sont injectés dans un embryon de porc. Et l’embryon chimérique est ensuite implanté dans une truie-porteuse. Sur les 2.075 embryons implantés, seuls 186 ont continué à se développer jusqu’au stade de 28 jours. Pour autant des cellules humaines vivaient bien en leur sein. Officiellement les chercheurs hésitent, pour des raisons éthiques, à s’autoriser des gestations allant à leur terme.

Mystère cérébral

« C’est la première fois que l’on voit des cellules humaines croître à l’intérieur d’un grand animal », a déclaré à la BBC le Pr Juan Carlos Izpisua Belmonte. Commentant la faible efficacité il a rappelé que les humains et les porcs sont séparés depuis longtemps sur les branches du grand arbre de l’évolution. On observera aussi que le temps de gestation de la truie n’est que de quatre mois. De ce point de vue, le bovin serait un meilleur incubateur. « C’est comme une autoroute avec une voiture allant beaucoup plus vite que l’autre – vous êtes plus susceptible d’avoir un accident » métaphorise le Pr Belmonte. Il souligne qu’il y a encore un long chemin à parcourir sur l’autoroute avant la station qui offrira des organes humanisés destinés à être transplantés (chez l’homme malade).

Pour le Dr Jun Wu un taux de cellules humaines de 0,1% à 1% devrait suffire en thérapeutique. Pour l’heure les biologistes ne disposent d’aucun élément de preuve pouvant laisser penser que des cellules humaines sont présentes et actives dans les cerveaux embryonnaires porcins. On ne sait pas s’ils l’espèrent. Qu’en dira Donald Trump? Applaudir ou se taire ?

 

 Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine

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