Une fidèle lectrice réagit à l’article de Jean-Marie Vaas sur cette extraordinaire découverte en Syrie d’une mosaïque de paon.
Heureuse découverte en effet mais il ne faut pas s’exciter !
Le paon est fréquent dans l’iconographie décorative ; il a certaines valeurs symboliques, oui, mais çà ne veut pas dire qu’il représente toujours le Christ. La prudence s’impose dans toute interprétation des images.
Dans le cas présent il faut étudier le contexte. Ce fragment de mosaïque a-t-il été trouvé dans une basilique chrétienne assurée : c’est possible en Syrie au Ve s. mais il faut être sûr de la nature du bâtiment.
Il s’agit d’une mosaïque de pavement qui pourrait tout aussi bien se trouver dans le décor d’une salle de réception d’une grande maison ; que voit-on autour du paon? D’autres oiseaux ? De la végétation?
Les artistes/artisans mosaïstes ont des modèles utilisables dans différents contextes.
Le même oiseau, ici le paon, peut avoir une valeur symbolique païenne ou chrétienne selon le contexte.
Il faut voir aussi si des textes chrétiens ont donné au paon la valeur de figure du Christ ressuscité. Ne pas confondre en outre le paon et le phénix.
Exemples : tout pasteur n’est pas un “Bon pasteur” disait Paul-Albert Février et je ne manquais pas de l’expliquer dans mon cours sur les images.
La grande mosaïque d’Aquilée où sont incluses les scènes du cycle de Jonas est une grande marine tout à fait comparable à d’autres trouvées en Italie du Nord ou en Afrique. Si les trois scènes figurant l’histoire de Jonas sont bien identifiables, toutes les scènes de pêche autour, les amours pêcheurs et la profusion de poissons n’ont pas un sens spécifiquement chrétien.
FT, professeur d’histoire de l’antiquité et du christianisme