Annoncée depuis plusieurs jours – et même redoutée – la commission Ecclesia Dei a été supprimée par Motu proprio du 17 janvier 2019. Instituée en 1988, cette commission “gérait” tous les instituts de rite traditionnelle qui avaient fait le “choix” de Rome. En mars 2009, dans son Motu proprio Ecclesiae unitatem, le pape Benoît XVI l’avait rattachée à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Cette fois-ci, la commission est absorbée au sein de cette dernière. Une suppression nette ? En fait, les compétences d’Ecclesia Dei seront exercées au sein de ce même dicastère par une section particulière. A priori, on ne peut guère prévoir de changement notable.
Beaucoup de choses ont été subodorées. On a même avancé une hostilité au rit traditionnel de la part du pape et des autorités romaines. En fait, il semble que les choses soient plus complexes. On peut relever le fait que la commission Ecclesia Dei agissait, depuis plusieurs années, dans un terrain essentiellement doctrinal, en devenant l’organe de discussion avec la Fraternité Saint-Pie X, laquelle demandait sa suppression (Ecclesia Dei est associée au Motu proprio du même nom qui condamnait les sacres de Mgr Lefebvre de juin 1988). Par la force des choses, les instituts traditionnels ayant un statut romain ont acquis une certaine vitesse de croisière, nécessitant moins qu’auparavant l’intervention de la commission Ecclesia Dei.
Le pape François a lui-même avancé “quatre raisons principales”: « le changement des circonstances qui avaient conduit le saint pape Jean-Paul II » à la mise en place de la commission, la « stabilité » des communautés célébrant le missel de 1962, le caractère « principalement » doctrinal des questions traitées par la Commission et le souhait émis par le pape qu’il soit pris davantage « conscience » des finalités doctrinales.
Enfin, c’est la Congrégation pour la doctrine de la foi qui a émis le 15 novembre 2017 une demande de suppression de cette commission, qui a ainsi reçu l’approbation du pape François le 24 novembre suivant. Cette requête a été approuvée lors d’une session plénière de ce dicastère.
Cependant, la section instituée au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi doit poursuivre « l’œuvre de vigilance, de promotion et de protection » qui avait été exercée jusqu’ici par la Commission Ecclesia Dei. Un changement dans la continuité ?
Source Zenith