Cinq responsables de l’église soudanaise du Christ (SCC) ont été arrêtés après avoir prié dans une église de la ville d’Omburman le Dimanche 22 octobre dans l’après-midi.
Des sources locales ont indiqué à Fides que les pasteurs ont été convoqués par la police du district après les prières dans l’église du bloc 29 d’El Sawra et accusés de troubles à l’ordre public. Le consultant légal de la SCC a promptement pourvu à leur remise en liberté sous caution. « Dimanche matin, lorsque les pasteurs et les fidèles sont arrivés dans l’église d’El Sawra pour le service, ils ont trouvé les portes closes » a raconté l’avocat.
Le gardien de l’église avait alors déclaré qu’un groupe d’hommes non identifiés avait fermé le lieu de culte durant la nuit. Etaient arrivées ensuite les forces de police, lesquelles avaient indiqué aux personnes présentes devant l’église que le Ministère des Fonds soudanais avait décidé de nommer une nouvelle administration de l’église qui aurait surveillé quiconque aurait voulu prier dans les églises de la SCC.
Les fidèles ont rejeté la décision en répondant que le Ministère n’avait pas le droit d’intervenir dans les affaires internes de l’église et ont commencé à forcer les serrures, entrant ensuite dans l’église et s’y mettant à prier. Après la fonction, la police du district a immédiatement convoqué les cinq pasteurs et les a retenus.
La liberté religieuse est reconnue par la Constitution soudanaise. Toutefois, les chrétiens sont toujours plus opprimés dans le pays, en particulier depuis qu’en juillet 2011, la majorité chrétienne du sud s’est détachée du nord pour former le Soudan du Sud. Depuis lors, les plaintes pour discrimination et persécution des chrétiens, démolition d’édifices religieux et d’écoles ont vu leur nombre augmenter.
Le Ministre soudanais des Dotations, en avril 2013, avait annoncé que n’auraient plus été concédées de nouveaux permis en vue de la construction de nouvelles églises dans le pays, visant en cela à ce que les sud soudanais présents dans le pays retournent chez eux.
Au mois de septembre 2014, un pasteur évangélique avait déclaré que la SCC avait reçu de nombreuses plaintes en matière de discriminations à l’encontre des chrétiens, systématiquement empêchés de se rendre dans leurs églises.
Selon le World Watch Monitor, les autorités soudanaises tentent actuellement d’intervenir dans les affaires de nombreuses dénominations du pays, en destituant les responsables desdites églises et en nommant à leur place des chrétiens proches du régime.
L’Envoyé spécial de l’Union européenne pour la Promotion de la Liberté religieuse s’était rendu en visite au Soudan à la mi-mars 2017 afin d’enquêter sur la situation des chrétiens dans le pays et avait découvert dans ce cadre qu’était prévue la démolition de 27 églises de Khartoum. Cette mesure a été reportée après un recours judiciaire et justifiée par le Président de la Commission parlementaire pour la Législation et la justice au travers de motifs liés à la propriété du territoire, le Soudan n’imposant aucun credo religieux à ses ressortissants.
En outre, le Sudan Democracy First Group (SDFG) a publié un rapport dédié à la discrimination menée à l’encontre des chrétiens soudanais dans lequel est décrit un incident intervenu en juillet de l’an dernier, lorsque les forces de sécurité ont attaqué à l’aide de cinq véhicules lourdement armés l’école évangélique sise au nord de Khartoum. A cette occasion, 19 pasteurs évangéliques, personnes âgées et étudiants, avaient été arrêtés alors qu’ils tenaient une manifestation statique pacifique afin de protester contre la vente du terrain de l’église.