Le service national de liturgie envoie un drôle de questionnaire aux prêtres de France au sujet de la diffusion des homélies

Le service national de liturgie envoie un drôle de questionnaire aux prêtres de France au sujet de la diffusion des homélies

C’est avec un certain amusement que nous avons pu lire un questionnaire que le Service National de liturgie envoie actuellement aux diocèses pour que les prêtres y répondent avant le 30 avril, au sujet des pratiques de diffusion des homélies. Nous vous rapportons le document accompagné de notre regard (les NDLR : notes de la rédaction) sur cette petite affaire un tant soit peu surprenante… Ici nous comprenons à quel point l’Eglise de France semble malheureusement en retard par rapport au monde actuel…

Initiatives actuelles autour de la diffusion d’homélies

Exemples

  • Diffusion d’extraits d’homélies dans les bulletins paroissiaux
  • Diffusion par mise en ligne des enregistrements sur un site Internet

·         Depuis 2017, une paroisse du diocèse d’Aix et Arles met en ligne des enregistrements d’homélies. Ils durent une quinzaine de minutes.

·         Depuis 2017, le site de la paroisse Saint-Louis d’Antin présente un onglet intitulé « Les homélies du curé » réécoutables en replay.

  • Diffusion par téléchargement des textes à partir d’un site Internet

·         Sur le site du diocèse de Paris, figurent un grand nombre d’homélies de Mgr Vingt-Trois ;

·         Depuis 2015, l’abbaye de Tamié met des homélies en ligne, précédées des textes du jour ;

·         Le diocèse de Bafoussam au Cameroun met en ligne la plupart des homélies de l’évêque ;

·         Un centre orthodoxe en Moselle met en ligne les homélies téléchargeables d’un diacre.

  • Diffusion sur un blog personnel

·         Depuis 2007 dans une paroisse rurale du diocèse de Laval, un curé poste sur son blog « un prêtre en ligne » des homélies mais également des recensions, etc…

NDLR : qu’en est-il de saint Maximilien Kolbe, qui fut le premier à utiliser les grands médias de son temps en montant son journal quotidien (1922) et une radio (1930 !) afin de promouvoir la vénération de la Sainte Vierge ? Une homélie ne doit pas être un simple commentaire de texte, mais une prédication qui éclaire, rayonne de la joie du Christ et transporte les fidèles dans l’émerveillement du mystère de Dieu ! Il est quand même incroyable que près d’un siècle plus tard, on se pose encore la question de la pertinence de la diffusion des homélies, alors qu’on devrait déjà mettre en place leur diffusion.

Verbatim

  • Arguments défavorables à la diffusion

·         Une homélie est un acte liturgique. Proclamée devant une assemblée, en un temps et un lieu spécifiques, elle est un dialogue avec l’assemblée présente et ne peut donc être diffusée a posteriori, hormis dans le cas spécifique d’un mariage (un diacre) ;

·         « La diffuser m’obligerait à retravailler mon texte car je dis plus et parfois différemment de que ce que j’écris ; le temps manque » (un prêtre) ;

·         « Une diffusion ne peut pas être systématique : il faut toujours en demander l’accord à l’auteur qui doit pouvoir accepter ou refuser au coup par coup » (un prêtre) ;

·         « Déjà qu’un prêtre n’aime pas prononcer une homélie en présence d’autres prêtres … » ;

·         Une homélie ne se réduit pas à un texte. La voix, le ton, le geste la portent ;

·         Il ne faut pas surcharger le site d’une paroisse. (NDLR : Que peut-on mettre sur un site de paroisse à part des annonces, des horaires et des homélies ?)

NDLR : A l’heure du déferlement des youtubeurs sur internet, on se demande comment on peut encore faire la fine bouche, alors que de moins en moins de gens se rendent dans les églises, et qu’internet devient la première source d’information. Peut-être que la formation à la prêtrise pourrait s’adapter en cultivant la rhétorique et le théâtre afin de développer l’aisance audiovisuelle, car si le contenu reste le plus important, la façon de s’exprimer l’est tout autant et se travaille, sans qu’elle devienne une caricature. La vidéo reste malgré tout le média le plus plébiscité aujourd’hui, et c’est sur ce terrain que doivent s’orienter les initiatives. Saluons au passage SOH : Service d’optimisation des homélies, initiative qui offre des formations gratuites au prédicateurs catholiques et dont l’activité gagnerait à se développer en ce sens.

  • Arguments favorables à la diffusion

·         Une homélie en ligne est un moyen de prolonger chez soi la célébration, de la partager avec ses proches, famille ou amis ;

·         Les Oraisons funèbres de Bossuet nous seraient-elles jamais parvenues, si elles n’avaient pas été retranscrites ?

·         Une homélie en ligne est un moyen d’entrer en relation avec ceux qui ne franchissent pas le seuil de l’église, soit qu’ils ne le peuvent pas, soit qu’ils n’osent ou ne le veuillent pas ;

·         Publier les homélies, n’est-ce pas répondre à l’invitation du pape Paul VI qui, dans sa Lettre encyclique Ecclesiam suam, soulignait que le dialogue est un « aspect capital de la vie actuelle de l’Église », et que celle-ci « doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église se fait parole ; l’Église se fait message ; l’Église se fait conversation » ?

NDLR : Il est surprenant de noter que pas une seule allusion est faite à propos du Père François Potez, curé de Notre-Dame du Travail, dont le travail audiovisuel de qualité et accessible est suivi avec assiduité ; du père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, précurseur en la matière, qui depuis 2008 met à disposition sur son site ses homélies – près de 1200 ! – au format audio et vidéo (qui atteignent des milliers de vues), sans compter ses prédications récentes sur la chaîne québécoise TVA au sein de l’émission La Victoire de l’Amour, présentée par Sylvain Charron et qui compte 250 000 spectateurs… et bien d’autres prêtres qui œuvrent en ce sens.

Partage de pratiques

A la lecture de ce qui précède, nous vous remercions de participer à une enquête sur des initiatives actuelles concernant la diffusion des homélies.

 

1-      Vous observez ou pratiquez la diffusion d’homélies : D’où est venue l’initiative ? Dans quelles circonstances ? Quelles ont été les motivations exprimées ?

NDLR : drôle de question : notre rôle en tant que catholique, et surtout lorsqu’on est prêtre, n’est-il pas de partager et diffuser la Bonne Nouvelle en s’adressant le mieux possible au monde actuel ?

2-      Ce que l’initiative est devenue : Par quel biais les homélies sont-elles diffusées aujourd’hui ? Est‑ce occasionnel ou régulier ? Y a-t-il eu des évolutions dans la pratique ?

3-      Si vous aviez à reformuler aujourd’hui l’intérêt de l’initiative, ses enjeux…

4-      Quelles limites voyez-vous ? Quelles améliorations faudrait-il envisager ?

 

Merci de décrire si besoin en quelques mots votre contexte pastoral (par exemple type de paroisse)

 

NDLR :  Nous pouvons nous demander pourquoi l’Eglise de France propose un tel sondage : la diffusion des homélies devrait être tout bonnement encouragée pour tous. Chacun doit pouvoir s’y adapter comme il peut : nous pouvons comprendre que certains prêtres ne soient pas à l’aise avec cela et on ne peut pas les forcer, mais il est sûr que beaucoup d’entre eux n’ont pas attendu l’enquête administrative pour prendre des initiatives évangélisatrice, à commencer par saint Maximilien Kolbe ! Peut-être serait-il plus opportun de mettre en place des cellules de formation ou bien des équipes à disposition des prêtres pour la réalisation de vidéos, et de s’enquérir directement auprès de ceux qui effectuent déjà ce travail, afin de l’optimiser ou de prendre exemple sur eux.

 

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