NFO LE FIGARO – En plein débat sur la PMA et à l’approche des européennes, le mouvement issu de la Manif pour tous assume son identité.
Sens commun veut clarifier et assumer pleinement son positionnement. Selon nos informations, le parti de droite issu de La Manif pour tous va associer à son nom le label «mouvement conservateur». Il le fera le 18 novembre lors d’une journée dédiée à «la société durable». Des politiques et des intellectuels participeront à cette réunion durant laquelle les six grands axes de travail du mouvement seront rappelés (famille, éducation, territoires, Europe, économie et écologie). «Nous sommes fiers de ce que nous sommes», assure Laurence Trochu, la présidente du mouvement, en précisant que le blason «Sens commun» demeure. «Si vous ne vous définissez pas vous-même, d’autres le font à votre place», poursuit-elle, évoquant l’émergence d’un «nouveau paysage politique culturel». Selon elle, les intellectuels François-Xavier Bellamy, Pierre Manent, Mathieu Bock-Côté en font partie comme Jean-Philippe Vincent et Roger Scruton, qui seront présents le 18 novembre. «Il y a un terreau correspondant aux attentes des Français, une réflexion dynamique sur la crise d’identité, le besoin d’enracinement, la mondialisation libérale ou la conscience écologique», poursuit l’ex-porte-parole de François Fillon pendant la présidentielle.
Pour Sens commun, le conservatisme est un «état d’esprit» plaidant pour l’enracinement», la «transmission» ou «l’ordre, garantie de la liberté». «Plus qu’une doctrine, c’est aussi un style de pensée qui peut exercer une influence décisive sur la vie politique», lit-on sur le site Internet d’un mouvement qui veut être un «aiguillon» sans cacher son objectif de «forcer» la droite à s’interroger sur ce qu’elle est. «Le macronisme réveille le conservatisme. Le clivage gauche-droite dont on avait annoncé la disparition sous l’effet Macron est en train de réapparaître sous la forme d’un nouveau clivage entre progressistes et conservateurs», croit Laurence Trochu. À ses yeux, la «manœuvre politicienne» d’Emmanuel Macron consiste à créer un «vaste parti centriste» pour évacuer certaines forces sur ses extrêmes. Il viserait ainsi à empêcher la création d’une «alternative» opposée au multiculturalisme, à l’internationalisme et au progressisme.
Assumer le souverainisme
Assumer le terme «conservateur» n’est-il pas le plus sûr moyen de s’exposer surtout à la critique des opposants et détracteurs? Virginie Calmels, ex-première vice-présidente des Républicains, a récemment attaqué Sens commun en dénonçant le «catholicisme traditionaliste» et le «conservatisme» du mouvement. Dans ce tweet de l’adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux posté le 26 septembre, le conservatisme est dénoncé comme un archaïsme. Mais pour Laurence Trochu, être conservateur est une «réponse» au monde actuel, «au-delà des caricatures et des attaques faciles». Lorsqu’elle a entendu, jeudi sur France 2, Édouard Philippe exprimer son soutien à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes après l’avoir combattue lorsqu’il était encore chez LR, Laurence Trochu a été surprise par son revirement. «Ce manque de constance dans les convictions est inquiétant. Fera-t-il demain le même cheminement sur la gestation pour autrui (GPA)?», s’interroge-t-elle.
Pour Sens commun, parti associé aux Républicains, s’affirmer «conservateur» est aussi un moyen d’anticiper les européennes en assumant son souverainisme. «Nous voulons une autre Europe parce que celle-ci ne garantit plus aux peuples la maîtrise de leur destin. Nous voulons défendre notre civilisation et notre pacte social.» Le mouvement espère une tête de liste LR apte à rassembler sur la ligne politique du parti, en non en fonction des chapelles internes. «Laurent Wauquiez a dit qu’il voulait une Europe qui protège les frontières, l’économie et la civilisation. Maintenant, nous attendons une tête de liste inscrite dans cette direction», insiste Laurence Trochu. En tant que membre du bureau politique de LR, elle se réjouit d’observer un parti en «recherche de ses fondamentaux». Mais cela ne l’empêchera pas de poser régulièrement une question jugée clivante par une partie de la droite: «La droite française peut-elle se permettre, aujourd’hui, de ne pas être conservatrice?»
Source : LE FIGARO