Laurent Wauquiez est, depuis hier soir, le nouveau Président des Républicains : nous saluons d’abord cette très large victoire, qui, espérons-le, entamera un nouveau départ, pour une droite plus assurée dans ses convictions, plus proche des attentes de ses électeurs et plus courageuse dans l’accomplissement de ses promesses. C’est à l’émergence de cette droite-là que nous œuvrons depuis bientôt 4 ans, et que nous continuerons d’œuvrer.
Cohérence culturelle et programmatique, proximité avec les réalités quotidiennes des Français, courage dans l’action, telles sont en effet les vertus politiques que la droite a trop souvent oubliées, et qu’elle doit à nouveau cultiver si elle souhaite vraiment revenir dans le jeu. Laurent Wauquiez semble l’avoir compris, et nous l’assurons de notre entière volonté de contribuer à cette entreprise.
Ce « retour de la droite » se fera toutefois à deux autres conditions.
La première suppose de tirer les enseignements des derniers scrutins que nous avons connus : le plus grand épouvantail pour les électeurs a été le spectacle des divisions internes durant la campagne des présidentielles, puis la dénaturation du programme de François Fillon aux législatives. Si le rassemblement est une nécessité, faire du parti de demain une juxtaposition d’intérêts individuels et de visions excessivement éloignées réduira la vie des Républicains à d’interminables querelles de personnes et conduira à l’affadissement programmatique dont la droite a souffert à maintes reprises. L’impératif de l’unité ne doit pas se substituer à l’exigence de présenter aux Français un programme qu’ils sont en droit d’attendre : cohérent, courageux et clair.
La deuxième condition suppose de constituer une véritable alternative à la politique d’Emmanuel Macron. Or cette alternative ne saurait prendre le contrepied total de l’action présidentielle : nous devons être capables de saluer ce qu’il y a de bon, car il y en a, et ne pas le reconnaître participe d’une mauvaise foi partisane dont plus personne ne veut. Mais nous devons aussi et surtout réfléchir à ce qui nous en différencie. Ce qui supposera :
que la droite se montre économiquement gaulliste là où Emmanuel Macron se montrera excessivement libéral, transformant la France en marché toujours plus ouvert à une concurrence face à laquelle nous sommes perdants ;
qu’elle se réapproprie l’héritage séguiniste d’une Europe des nations et des projets, là où Emmanuel Macron poursuivra la lancée fédérale du passé au mépris de la démocratie et de la défense des citoyens européens ;
qu’elle se soucie à nouveau des citoyens de France dite périphérique, là où la vision d’Emmanuel Macron leur préfèrera les citoyens des grandes métropoles mondialisées ;
qu’elle ne se défende plus d’être socialement conservatrice, là où Emmanuel Macron continuera la folle politique égalitariste de ses prédécesseurs ;
qu’elle s’investisse pleinement sur le terrain d’une écologie à la fois environnementale et humaine, car ce sujet touche à la question de la transmission qui a toujours été au cœur des valeurs de la droite ;
qu’elle reprenne enfin la maîtrise des flux migratoires, là où Emmanuel Macron poursuit en ce domaine la logique de l’angélisme et du renoncement qui, loin d’être humaniste, se fait au détriment du bien des Français comme de celui des immigrés.
Il y aurait bien d’autres sujets à aborder, qu’on me pardonne de ne pouvoir tous les exposer ici. La tragédie de la droite est d’avoir constamment gâché les bonnes idées, soit en ne les mettant pas en pratique, soit en les présentant de manière excessivement caricaturale et clivante. Puisse Laurent Wauquiez échapper à la malédiction de ceux qui l’ont précédé, et puisse le « retour de la droite » tenir du renouveau plus que de la redite.
Madeleine de Jessey,
Présidente de Sens Commun