Théologien dominicain, le frère Thomas Michelet enseigne la théologie sacramentaire à l’Angelicum (Rome). Nous publions avec son accord une de ses réflexions sur le secret de la confession. Il considère comme “illusoire” la perspective de modifier la loi absolue du secret de la confession. Outre le fait que cela “ruinerait la confiance de tous les autres fidèles qui ne viendraient plus se confesser”, cette “fausse bonne idée (…) n’aurait pour résultat que de détruire la confession, et ainsi détruire l’Église catholique. C’est peut-être d’ailleurs le but inavoué.” Cette réflexion s’inscrit dans le cadre d’une discussion et ne prétend pas couvrir à elle seule tous les aspects de la question.
Il faut bien voir que si l’on voulait modifier cette loi absolue du secret de la confession afin de pouvoir dénoncer des criminels, non seulement ce serait illusoire – parce qu’ils n’ont souvent pas conscience de faire le mal, et même s’ils l’avaient, ne viennent jamais s’en confesser – mais ce serait dangereux, parce que l’on ruinerait la confiance de tous les autres fidèles qui ne viendraient plus se confesser. On ne pourrait pas dénoncer davantage de coupables, et l’on éloignerait de la confession tous les autres fidèles.
C’est donc une fausse bonne idée qui n’aurait pour résultat que de détruire la confession, et ainsi détruire l’Église catholique. C’est peut-être d’ailleurs le but inavoué.
Enfin, porter atteinte au secret de la confession, c’est supprimer le dernier espace où l’homme peut livrer ce qu’il a sur le coeur sans craindre d’être répandu au-dehors. Ce serait donc une atteinte extrêmement grave à l’intimité de l’âme. Ceux qui ont eu à souffrir de la négligence de certains prêtres et ont vu leurs confidences trahies disent souvent qu’ils l’ont vécu comme un viol.
Les pouvoirs publics qui pensent pouvoir imposer la levée du secret de confession, d’une part s’illusionnent sur l’efficacité d’une telle mesure, d’autre part manifestent leur profonde méconnaissance de ce qu’est la confession; mais surtout porteraient une grave atteinte à la liberté religieuse et à la liberté de conscience. Un État qui pense ainsi pouvoir accéder à la totalité d’une vie, y compris violer le sanctuaire de l’âme, montre simplement qu’il est devenu un État totalitaire.