Jusqu’au 25 novembre, le ministère de la santé propose aux français de « s’exprimer sur le projet de stratégie nationale de santé », via un site internet dédié. Un projet qui comporte quatre axes : promotion de la santé et prévention, lutte contre les inégalités sociales et territoriales, qualité et pertinence des soins, innovation et place des citoyens dans la gouvernance du système de santé. Il sera mis en œuvre dès le premier semestre 2018[1]. Le dossier n’est pas très engageant : une soixantaine de pages et des thèmes aux noms barbares qui semblent trop généraux pour intéresser la bioéthique[2]. Mais une fois franchi cet écran, il est question, entre autres, de promotion de la santé sexuelle et reproductive ou encore de diagnostic prénatal : autant de sujets qui méritent réflexion et contributions.
« Promouvoir la santé sexuelle et l’éducation à la sexualité » fait partie de l’axe « promotion et prévention »[3]. Face au constat de grossesses non prévues « trop fréquentes chez les 15-24 ans malgré une contraception élevée (une sur trois)», le ministère propose des objectifs dans la droite ligne du plan « santé sexuelle » de Marisol Touraine (cf. Derrière la lutte contre le sida, la promotion de l’IVG continue) : contraception et avortement sont les seules réponses proposées. Quelques pages plus loin, paradoxalement, la lutte contre les perturbateurs endocriniens fait aussi partie du plan…
La partie consacrée à la politique de santé de l’enfant débute par la « période prénatale » : un classement étonnant pour un système de santé qui autorise l’avortement et la recherche sur l’embryon. Le paradoxe sémantique se poursuit au fil des objectifs, qui parlent d’ « enfant » dès la grossesse.
La confusion porte ensuite sur le diagnostic prénatal, qui apparait dans le chapitre sur la prise en charge précoce des maladies de l’enfant. Une simple ligne : « garantir l’accès au diagnostic prénatal », mêlée aux objectifs de diagnostic néonatal. Or la réalité dément l’idée que le diagnostic prénatal puisse entraîner la guérison de l’enfant : les « centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal » délivrent surtout des autorisations d’ « interruptions médicales de grossesse ». Dans un tel système, où l’avortement est devenu la conséquence logique d’un diagnostic positif, encourager la banalisation de ce diagnostic revient à encourager les avortements sélectifs.
Si ces différents objectifs sont mauvais, d’autres semblent louables : lutte contre l’isolement social des personnes âgées ou contre l’âgisme, amélioration de l’accès aux soins des personnes âgées et handicapées ou développement de la formation des soignants à la vulnérabilité. Toutefois combien de français apporteront leur contribution à ce projet, et quelle attention leur sera portée … ?
Pour consulter la stratégie nationale de santé, cliquer ici.
[1] Son adoption est prévue en décembre par le Comité interministériel de la Santé ; il sera officialisé par décret.
[2] L’introduction rappelle d’ailleurs que « la politique en matière de bioéthique est traitée dans le cadre d’un dispositif législatif ad hoc ».
[3] Il s’agit aussi d’un objectif cité pour « améliorer la santé des étudiants ».