C’est l’avertissement du pape dans son discours à l’université catholique du Chili.
Extrait
Dans cette société liquide (Cf. Zygmunt Bauman, Modernidad liquida, 1999) ou légère (Cf. Gilles Lipovetsky, De la légèreté, 2016), comme ont voulu la qualifier certains penseurs, sont en train de disparaître les points de repère à partir desquels les personnes peuvent se construire individuellement et socialement. Il semble que de nos jours le “virtuel” soit le nouveau point de rencontre, caractérisé par l’instabilité, puisque tout se volatilise et perd donc consistance.
Ce manque de consistance pourrait être l’une des raisons de la perte de conscience de l’espace public. Un espace qui requiert un minimum de transcendance par rapport aux intérêts privés (vivre plus et mieux), pour construire sur des fondements qui révèlent cette dimension très importante de notre vie, à savoir le ‘‘nous’’. Sans cette conscience, et surtout sans un tel sentiment et par conséquent sans cette expérience, il est et il sera plus difficile de construire la nation ; et donc il semblerait que la seule chose importante et valable soit ce qui appartient à l’individu, et que tout ce qui se trouve hors de cette sphère devienne obsolète. Une culture de ce genre a perdu la mémoire, elle a perdu les liens qui soutiennent et rendent possible la vie. Sans le ‘‘nous’’ d’un peuple, d’une famille, d’une nation et, en même temps, sans le nous de l’avenir, des enfants et du lendemain, sans le nous d’une cité qui transcende le ‘‘moi’’ et soit plus grand que les intérêts individuels, la vie sera non seulement toujours plus morcelée mais aussi plus conflictuelle et violente.