Membres du clergé, de la magistrature, d’associations engagées contre la corruption ou victimes de ce fléau, des dizaines de personnes ont été rassemblées le 15 juin dernier par le dicastère pour le Développement humain intégral, en collaboration avec l’Académie des sciences sociales, au Vatican. À la suite de ce débat international sur la corruption, un document final a été publié ce mardi 1er août 2017, définissant les objectifs d’un Conseil international sur la justice, la corruption, le crime organisé et les mafias.
Un réseau mondial – «et l’Eglise dans le monde est déjà un réseau»– sera créé pour réveiller les consciences, les éduquer afin qu’elles ne soient plus insensibles aux phénomènes de corruption, de crimes organisés ou liés à la mafia, afin de mieux les combattre. La possibilité d’excommunication pour de tels faits sera étudiée par ce Conseil international mis en place à partir de septembre par le Vatican.
Qu’est-ce que la corruption ?
«Pour que ceux qui ont un pouvoir matériel, politique ou spirituel ne glissent pas vers la corruption». En amont de cette intention de prière du Pape François pour le mois de février 2018, le dicastère pour le Développement humain intégral s’est saisi de ce sujet cher au souverain pontife. D’autant qu’une «volonté de faire front commun» a émergé lors du récent débat organisé par ses soins au Vatican.
À la rentrée, le Conseil international sur la justice, la corruption, le crime organisé et les mafias passera à l’action. Parce que la corruption est un état d’esprit avant d’être un acte posé, le Conseil estime qu’il faut intervenir au niveau culturel, de l’éducation, civique notamment, de l’instruction, de l’action institutionnelle.
Pour mieux comprendre ce qui se trame derrière la corruption, le conseil se proposera de donner plusieurs définitions du concept à partir des propos du cardinal Turkson dans le livre entretien Corrosione, préfacé par le Pape et publié à la mi-juin. Le Pape qualifiait alors la corruption de «pire des plaies sociales», de «forme de blasphème» et de «cancer».
Education
Mais il faut aussi des gestes concrets. Le Conseil établira un réseau international, «ce qu’est déjà l’Eglise», dont les membres, s’ils veulent éduquer, doivent être eux-mêmes des «maîtres crédibles». L’Église est invitée à faire preuve de «courage, de capacité décisionnaire, de transparence, d’esprit de collaboration et de créativité».
Le Conseil prône l’éducation et l’instruction pour générer une mentalité de liberté et de justice, en vue du bien commun. «Celui qui cherche des alliances pour obtenir des privilèges, des exemptions, des voies préférentielles ou illicites n’est pas crédible», peut-on lire dans le document final. N’est pas crédible non plus, celui «qui profite de sa position pour recommander des personnes souvent peu recommandables, au niveau des valeurs ou de l’honnêteté».
Quand un crime est commis, on ne sait pas toujours que la corruption en est la cause. Parce que les conséquences de la corruption sont en général méconnues, le Conseil se propose d’y travailler, «surtout là où dans le monde la corruption est le système social dominant». La corruption cause un manque de paix.
Excommunication des mafieux
Avec l’aide des conférences épiscopales et des églises locales, le Conseil approfondira ses réflexions sur «l’excommunication des mafieux et des organisations criminelles», sur l’excommunication pour fait de corruption, afin de répondre de manière globale.
«Le chemin ne sera pas facile» et le Conseil estime que l’Église devra se mettre à l’écoute pour dialoguer aussi avec les non-croyants.
Le Conseil se propose de renforcer le lien unissant la justice et la beauté, que constitue un patrimoine historique, artistique et architecturale extraordinaire. Il élaborera également un pensée politique, avec une attention particulière pour la démocratie et la laïcité, afin «d’illuminer l’action des institutions pour que les traités internationaux soient réellement appliqués et que les législations soient harmonisées afin de poursuivre au mieux les tentacules du crime, qui dépasse les frontières des Etats». Le Conseil se propose de réfléchir à l’application des principes des conventions de Palerme et Merida.
«Un mouvement est nécessaire, un réveil des consciences». Le dicastère pour le Développement humain intégrale se sent moralement obligé à agir. «Les lois sont nécessaires mais ne suffisent pas», peut-on lire. Pour passer de l’indifférence au combat, le Conseil se propose donc d’agir à trois niveau: l’éducation, la culture et la citoyenneté.
Source Radio Vatican