Avec la relance de la question de la laïcité (voir notre pétition sur la messe télévisée), les artifices de débats sociétaux, se pose pour la énième fois la question du rapport entre le politique et la religion.
La politique est avant tout un service rendu à la personne humaine, en tant qu’elle est garante du Bien Commun. Ce qui signifie qu’il n’appartient pas à la politique de décider si l’homme est religieux ou non ; elle doit garantir la vérité sur ce point. Le fondement du rapport entre religion et politique est donc antérieur au rapport lui-même. Il s’agit bien sûr de répondre à la question anthropologique fondamentale, l’homme est-il religieux ? Or derrière cette question s’en cache une autre. Si l’homme est religieux, il appartient donc à la dignité de l’homme de pouvoir vivre librement sa religion. Se pose donc la question encore plus fondamentale : si la religion appartient à la dignité de l’homme cela veut dire que cette religion correspond à la vérité profonde de l’homme et doit l’épanouir. Tel est donc le critère de vérité de la religion et donc d’une religion en particulier.
La relation politique et religion ne peut donc pas être neutre parce qu’elle suppose de la part du politique de garantir la liberté de religion, mais aussi de veiller à ce que cette liberté ne soit pas contraire à la vérité de l’homme. On en revient au sens premier de la politique : la politique doit s’intéresser à l’homme dans sa vérité parce qu’elle est le garant de son bonheur. Le responsable politique ne peut pas être un simple technicien. Aussi, le politique ne doit-il pas se soucier du rapport avec la religion, puisque celui-ci lui est dicté par le Bien Commun. Mail il doit se soucier de chercher la vérité sur ce qu’il y a de meilleur pour l’homme et si la religion entre dans ce « meilleur », il n’ a d’autre choix que de le promouvoir. Dans le cas contraire, il devra la combattre.
Ainsi donc, la religion EST un enjeu de société capital. Ceux qui la croient nocive ont raison de la combattre ; ceux qui la croient vitale ont le devoir de la promouvoir. C’est aussi le jeu de l’arène politique. La question n’est donc pas, pour tout responsable politique, ce qu’il doit faire face à la religion, mais comment se positionner face à elle : pour ou contre ? C’est bien le combat que mènent de façon cohérente les antireligieux. Il appartient donc aux religions de se battre pour montrer que leur foi est celle qui conduit effectivement l’homme à son bonheur en respectant sa vérité propre.
Se pose alors dans le contexte du relativisme et de la tolérance ambiante, la double question de la laïcité et de liberté religieuse. Le débat franco-français masque ce rapport étroit du politique et du religieux et surtout, dédouane le politique vis-à-vis de la religion. Liberté religieuse et laïcité devraient aller de pair or elles semblent de plus en plus s’opposer. Ce qui est cohérent avec l’émergence d’un certain concept de laïcité qui sous couvert de liberté religieuse souhaitait s’émanciper de la religion.
Le dilemme n’est pas mince car si le politique a le devoir de garantir la liberté religieuse, peut-il réellement être laïc, puisque ce devoir repose sur l’adéquation entre la vérité de l’homme et la vérité de la religion ? Peut-on garantir le Bien Commun réel sans tenir compte de cette vérité sur l’homme, si cette vérité englobe la religion ? Ainsi, le relativisme religieux en politique est-il contraire à l’essence même du politique. Encore une fois, les hérauts d’une laïcité athée et anticléricale l’ont bien et justement compris. Mieux sans doute que nombres de croyants engagés en politique.
Pourtant une des clefs de équilibre réside dans la fin de l’amalgame entre séparation de l’Eglise et de l’Etat et séparation du spirituel et du temporel. Mais c’est un autre aspect du débat