Chaque mois, les statistiques du chômage des différentes catégories – A, B, C, D, E – sont publiées. Or, derrière ces chiffres et ces lettres, il y a d’abord des personnes sans emploi mais pas forcément sans occupation tant cette recherche exige de temps et d’énergie. En outre, parmi les “actifs”, au sens des statisticiens, il y a ceux qui s’épanouissent au travail et ceux qui en souffrent, ceux qui craignent un licenciement et ceux qui respirent après une réussite professionnelle. Comme tant d’autres responsables sociaux, politiques ou économiques, mais à sa manière, l’Église réfléchit à toutes ces questions. L’accès de tous à un emploi lui apparaît comme un objectif prioritaire. Mais certains se demandent si le travail est encore l’élément ordonnateur des sociétés, un facteur de développement personnel et d’ancrage social ? Pourquoi travaillons-nous, pour qui travaillons-nous…
Ce nouveau dossier que nous propose le numéro d’octobre d’ÉDY (revue du diocèse de l’Yonne) souhaiterait surtout s’interroger sur la spiritualité du travail.
Dans son encyclique Laudato Si’ (LS), le pape François propose quelques pistes de réflexion sur ce thème. La première renvoie à Jésus lui-même qui “travaillait de ses mains… avec son habileté d’artisan”. La grande partie de sa vie consacrée à cette tâche invite à reconnaître que le travail façonne aussi nos existences : “le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple où plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection vers l’avenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres, une attitude d’adoration. (…) Le travail est une nécessité, (…) un chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle.” (LS 127-128)
Un second axe de réflexion invite à ouvrir un espace spirituel au cœur même de notre travail. Si la vie monastique allie de façon symbiotique la prière et la lecture au travail manuel, suivant la célèbre expression “ora et labora”, ne pourrions-nous pas trouver une manière de travailler imprégnée par une prière simple : confier des collègues de travail en souffrance, demander à l’Esprit le don de conseil pour une décision, rendre grâce pour un travail bien fait… tout cela peut contribuer à faire émerger et à nourrir cette spiritualité du travail.
Enfin, les questions du sens et de la finalité de notre travail déterminent également sa valeur spirituelle. Ainsi que le rappelle Laudato Si’, “le travail fait partie du sens de la vie sur cette terre” (LS 128). Que le travail soit manuel ou intellectuel, travail de la terre ou de service, il ouvre à des relations qui préparent une Fraternité ici-bas et une communion future. Dans l’Évangile, saint Joseph apparaît comme un homme juste et travailleur, attentif à la réalité pour servir humblement : “il peut nous motiver à travailler avec générosité et tendresse pour prendre soin de ce monde que Dieu nous a confié.” (cf. LS 242).
Mgr Hervé Giraud
Source (où pour commander le numéro de la revue diocésaine )