Ce jeudi 11 octobre 2018, le patriarcat de Constantinople a reconnu, l’indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne. Cette décision est particulièrement sensible en raison du conflit ouvert entre Kiev et Moscou depuis 2014. Elle soulève notamment la question de l’interférence des pouvoirs politiques et des autorités religieuses.
Outre la réintégration du patriarche de Kiev Philarète, excommunié il y a onze ans, « dans ses fonctions hiérarchiques », le patriarche de Constantinople Bartholomée a mis fin au décret qui plaçait les orthodoxes ukrainiens sous la tutelle du patriarche de Moscou. Ce décret datait de 1686.
L’Église orthodoxe russe a réagi vivement. Ainsi, pour son porte-parole, Vladimir Legoïda, cette décision « sape les fondements du système canonique orthodoxe ». Le patriarche de Moscou n’a rien dit, même si le 8 octobre 2018, il avait vertement affirmé que « toutes les forces du mal sont réunies pour arracher l’Église ukrainienne de l’Eglise orthodoxe russe unifiée ! »
Sur fond de tension entre la Russie et l’Ukraine, un schisme se profilerait entre les deux patriarcats. Il faut cependant préciser que ce n’est pas la première fois qu’une telle rupture interviendrait. Cela avait déjà été le cas dans les années 1990 à l’occasion du rôle de l’Orthodoxie russe dans l’Orthodoxie estonienne.
Si les liens ont été coupés en raison de la trop forte proximité de l’Église orthodoxe russe avec Moscou et Vladimir Poutine, le Président ukrainien, Petro Porochenko, a, pour sa part, salué ce « nouvel acte d’indépendance de l’Ukraine » ainsi que la fin de « l’illusion impériale et des fantaisies chauvinistes » de Moscou. Kiev a suivi, en effet, de très près ce dossier, en poussant notamment le patriarche de Constantinople à intervenir. C’est désormais chose faite.