Patrice de Plunkett, journaliste auparavant proche du GRECE d’Alain de Benoist, a reçu l’appel à l’Universel, au catholique.
Il retrace dans cet essai certains de ses questionnements intérieurs et interroge aussi l’Eglise en France.
Une partie de l’Église en France, qualifiée d’identitaire, de conservatrice et surtout de libérale-conservatrice, refuse la fidélité à l’Évangile au nom de l’économie. Si l’Évangile a assurément une résonance sociale, manifestée notamment dans lesdites encycliques, un certain catholicisme de droite l’ignorerait ou, pire, la combattrait.
Le constat de Patrice de Plunkett contre les réactionnaires est juste, pertinent car pour être du Christ, il faut tout tenir, la foi vivante dans la prière, la morale comme sa conséquence, et la charité qui est sa dimension concrète et sociale.
Néanmoins la démonstration peut manquer d’éclat et de lucidité lorsqu’elle est pleine de sous-entendus. Ainsi, tel ou tel prélat s’élèverait contre certaines réformes au motif pris de son ambition contrariée, le renouveau de l’académie pontificale pour la vie serait vu d’un œil suspicieux en raison de l’élargissement de son champ d’études. Certes, mais cela dispense-il d’entendre et de répondre à leurs critiques ? Certains groupes réactionnaires d’obédience sud-américaine agissent et reprochent au pape sa critique du libéralisme mais ses groupes n’ont qu’une influence limitée en France.
Les constats de P. de Plunkett peuvent être péremptoires lorsqu’est ignorée la brutalité dont peut faire preuve l’administration ecclésiale.
Si la charge reste judicieuse contre la « droite religieuse », elle souffre de son manque envers ceux que l’on appelle les chrétiens de gauche.
Il faut redire que si le christianisme n’est pas de droite, libérale ou antilibérale, il n’est pas non plus de gauche.
Le catholicisme n’est-il condamné qu’à devenir une religion de classe, d’un way of life passant du château dans le grand Ouest aux cravates fleurdelisées laissant aux immigrés le protestantisme spectaculaire et aux pauvres des formes amoindries ? Le catholicisme ne se confond que trop avec les réflexes des gagnants de la mondialisation.
L’enjeu pour les conservateurs vilipendés par Patrice de Plunkett est d’épouser, d’adhérer aux enseignements sociaux, de ne plus voir l’Eglise comme une citadelle assiégée pour reprendre les mots d’Emmanuel Mounier dans l’affrontement chrétien et de prendre la mesure que le christianisme réside essentiellement dans une rencontre et non dans une morale.
L’identification d’un certain catholicisme avec les affres de certains courants politiques – nouvel ordre mondial, complotisme outrancier, antisémitisme larvé – conduirait assurément à sa perte.
Remercions Patrice de Plunkett de toucher du bout des doigts les scories qui menacent les chrétiens et qui les enferment dans un ghetto, d’où « Cathos, ne devenons pas une secte ».
Les articles de nos auteurs n’engagent pas la rédaction qui reste plutôt “réservée” sur cette question.