JF Chemain, professeur d’histoire dans des lycées de la banlieue lyonnaise, nous offre ici une retournement de nos esprits et de nos intelligences. Sa thèse centrale va à rebours de toute l’histoire officielle, la laïcité ou la séparation de l’église et de l’état procède d’une volonté de l’Eglise. Nourrie d’exemples historiques pertinents, sa démonstration est convaincante lorsqu’il établit que l’Etat, qu’il soit totalitaire, monarchique ou républicain, n’a jamais eu de cesse de vouloir dominer l’ordre spirituel, qu’il l’absorbe ou ait des velléités de le détruire.
Cependant, on regrettera que l’auteur n’ait pas suffisamment questionné les positions de l’Eglise elle-même de la fin du XIXème siècle. On ne peut ignorer la doctrine du Christ-Roi qui pose le paradigme d’un “catholicisme d’Etat”.
Enfin, l’ouvrage manque sur ses considérations pratiques. En effet, il est critiquable que l’auteur en appelle â l’état pour favoriser – ou imposer – une réforme de l’islam dans un sens compatible avec le cadre, il dit l’ordre public républicain, de notre pays, hérité du christianisme. Il est difficilement soutenable de refuser à l’état de s’immiscer dans les affaires ecclésiales et en même temps l’appeler à mener une réforme républicaine de l’islam.
La démonstration est à relire au regard des débats qui agitent la sphère publique bien qu’en terme de praxis, le débat doit rester ouvert sur les solutions et l’issue à donner à la question islamique.
À cet égard, la préface de Rémi Brague et la postface du cardinal Barbarin sont à propos.