Une médiation de la part de la conférence des évêques congolaise, avait été sollicitée par le président Joseph Kabila, après que les évêques aient suspendu leur participation au « dialogue national », qui s’était engagé entre la majorité présidentielle et l’opposition, partisan d’Etienne Tshisekedi, adversaire historique de Joseph Kabila. Le désir de la Cenco était de « rechercher un consensus plus large ». Le chef de l’Etat leur avait confié un rôle de médiation, afin qu’ils puissent trouver un accord permettant de concilier l’ensemble des différentes positions. Le pays est aujourd’hui dans l’incertitude alors que le président Joseph Kabila, dont le mandat s’achève en décembre 2016, laisse planer le doute sur sa volonté de se présenter à nouveau, alors que la Constitution le lui interdit.
La conférence épiscopale congolaise a déclaré vendredi 2 décembre craindre que le pays ne sombre dans « une situation incontrôlable » en l’absence d’un compromis politique avant la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre.
« L’heure est grave », a souligné le P. Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco lors d’une conférence de presse à Kinshasa. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), « prennant à témoin le peuple congolais et la communauté internationale en appelle à la responsabilité et à la bonne volonté politique des uns et des autres pour éviter à notre pays de sombrer dans une situation incontrôlable », a-t-il ajouté.
L’appel des évêques intervient après plusieurs semaines de médiation entre le « Rassemblement » (coalition de la majeure partie de l’opposition) d’une part, et la majorité au pouvoir et une frange minoritaire de l’opposition ayant participé au « dialogue national » en septembre. Il avait été alors convenu de renvoyer à une date indéterminée la présidentielle ainsi que le maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà du 20 décembre.
« Nous avons pris acte de cet échec » de la médiation de la Cenco, « nous recommandons au président de la République, aux autres institutions ainsi qu’au facilitateur » de l’Union africaine, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo « de poursuivre la mise en œuvre de l’accord politique », a déclaré à la télévision publique Geneviève Inagosi, une porte-parole de la Majorité présidentielle (MP). Le « Rassemblement » rejette pour l’heure ce compromis, tout en affirmant être ouvert à la médiation des évêques « pour une sortie pacifique de la crise ». Vendredi soir, ce regroupement politique a promis de donner incessamment sa position officielle aussi bien sur la déclaration des évêques que celle de la majorité.
Depuis des jours, le « Rassemblement » agite la menace des manifestations populaires le 19 décembre pour contraindre Joseph Kabila de quitter le pouvoir en cas d’échec de cette tentative de rapprochement menée par les évêques. « La Cenco estime que, autour d’une table (…) un compromis politique est encore possible si les parties prenantes s’y engagent et font preuve de bonne volonté », a encore déclaré le P. Nshole.