Dans une lettre circulaire datée du 15 juin 2017, mais rendue publique aujourd’hui, la Congrégation pour le Culte divin a rappelé certaines exigences relatives au pain et au vin utilisés pour l’Eucharistie. En effet, les paroisses tendent de plus en plus à s’approvisionner auprès de magasins. Des problèmes de fiabilité se posent donc quant à la composition des hosties et du vin achetés en vue de la célébration du sacrifice eucharistique. Pour cette raison, la Congrégation pour le Culte divin demande aux ordinaires (c’est-à-dire les évêques) “de rappeler aux prêtres, en particulier aux curés et aux recteurs d’églises, leur responsabilité de vérifier qui sont les personnes qui procurent le pain et le vin pour la célébration, ainsi que l’idonéité de la matière”, mais également “d’informer et de rappeler la nécessité du respect absolu des normes de la part des producteurs de vin et de pain pour l’Eucharistie.” La Congrégation s’appuie sur plusieurs textes romains relatifs à la teneur du pain et du vin. Ainsi, c’est bien la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui a affirmé en 2003 l’impossibilité d’utiliser hosties sans gluten. La circulaire de la Congrégation pour le Culte divin s’appuie donc sur différents documents, pas toujours connus, mais dont il est utile de rappeler l’existence.
Pour se limiter à la question du pain eucharistique, la Congrégation procède à plusieurs rappels concernant sa composition. Ainsi, en citant l’Instruction Redemptionis Sacramentum de 2004, elle souligne que ces normes exigent que “le saint Sacrifice eucharistique (soit) célébré avec du pain azyme, de pur froment et confectionné récemment en sorte qu’il n’y ait aucun risque de corruption. Par conséquent, le pain fabriqué avec une autre matière, même s’il s’agit d’une céréale, ou le pain, auquel on a ajouté une autre matière que le froment, dans une quantité tellement importante que, selon l’opinion commune, on ne peut pas le considérer comme du pain de froment, ne constitue pas la matière valide de la célébration du Sacrifice et du Sacrement de l’Eucharistie.” À ce titre, s’appuyant sur la lettre circulaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi aux Présidents des Conférences Episcopales sur l’usage du pain pauvre en gluten et du moût comme matière eucharistique (24 juillet 2003, Prot. N. 89/78 – 17498), elle souligne également que “les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide pour la célébration de l’Eucharistie. Sont, par contre, matière valide, les hosties partiellement privées de gluten et celles qui contiennent la quantité de gluten suffisante pour obtenir la panification, sans que l’on y ajoute des matières étrangères et qui n’ont pas été confectionnées selon des procédés susceptibles de dénaturer la substance du pain”.
Bref: un texte utile qui récapitule la législation actuelle de l’Église catholique sur la question. Sa lecture pourra être profitable non seulement aux prêtres, mais également aux fidèles qui ont, parfois, des interrogations ou qui connaissent peu ce que l’Église affirme sur les matières utilisées pour la célébration de l’Eucharistie.
ANNEXE: la lettre circulaire de la Congrégation pour le Culte divin:
Lettre circulaire aux Evêques
sur le pain et le vin pour l’Eucharistie
1. La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, à la demande du Saint Père François, s’adresse aux Evêques diocésains (et à ceux qui leur sont équiparés en droit) pour leur rappeler qu’il leur appartient, en premier lieu, de pourvoir dignement à ce qui est nécessaire pour la célébration de la Cène du Seigneur (cf. Lc 22,8.13). C’est à l’Evêque, premier dispensateur des mystères de Dieu, modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans l’Eglise qui lui est confiée (cf. CIC can. 835 §1), que revient de veiller sur la qualité du pain et du vin destinés à l’Eucharistie et, donc, sur ceux qui les préparent. On rappelle ici, dans le but d’être utile, les dispositions en vigueur, et on suggère quelques indications pratiques.
2. Alors que jusqu’à maintenant, d’une manière générale, quelques communautés religieuses ont pris soin de confectionner le pain et le vin pour la célébration de l’Eucharistie, aujourd’hui on les trouve en vente aussi dans les supermarchés, dans d’autres magasins et sur le réseau Internet. Afin d’éviter tout doute sur la validité de la matière eucharistique, ce Dicastère suggère aux Ordinaires de donner des indications à ce propos, par exemple en garantissant la matière eucharistique par des certificats appropriés.
L’Ordinaire est tenu à rappeler aux prêtres, en particulier aux curés et aux recteurs d’églises, leur responsabilité de vérifier qui sont les personnes qui procurent le pain et le vin pour la célébration, ainsi que l’idonéité de la matière.
Il appartient en outre à l’Ordinaire d’informer et de rappeler la nécessité du respect absolu des normes de la part des producteurs de vin et de pain pour l’Eucharistie.
3. Les normes à propos de la matière eucharistique, indiquées dans le canon 924 du CIC et aux numéros 319-323 de la Présentation générale du Missel romain, ont déjà été expliquées dans l’Instruction Redemptionis Sacramentum de cette Congrégation (25 mars 2004) :
a) “Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du pain azyme, de pur froment et confectionné récemment en sorte qu’il n’y ait aucun risque de corruption. Par conséquent, le pain fabriqué avec une autre matière, même s’il s’agit d’une céréale, ou le pain, auquel on a ajouté une autre matière que le froment, dans une quantité tellement importante que, selon l’opinion commune, on ne peut pas le considérer comme du pain de froment, ne constitue pas la matière valide de la célébration du Sacrifice et du Sacrement de l’Eucharistie. Le fait d’introduire d’autres substances dans la fabrication du pain destiné à l’Eucharistie, telles que des fruits, du sucre ou du miel, constitue un grave abus. Il est évident que les hosties doivent être fabriquées par des personnes qui, non seulement se distinguent par leur intégrité, mais encore sont compétentes dans ce domaine, et emploient les instruments appropriés” (n. 48).
b) “Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du vin naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substances étrangères. […] Il faut prendre soin de conserver en parfait état le vin destiné à l’Eucharistie, et de veiller à ce qu’il ne s’aigrisse pas. Il est absolument interdit d’utiliser du vin dont l’authenticité et la provenance seraient douteuses: en effet, l’Église exige la certitude au sujet des conditions nécessaires pour la validité des sacrements. Aucun prétexte ne peut justifier le recours à d’autres boissons, quelles qu’elles soient, qui ne constituent pas une matière valide” (n. 50).
4. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans sa Lettre circulaire aux Présidents des Conférences Episcopales sur l’usage du pain pauvre en gluten et du moût comme matière eucharistique (24 juillet 2003, Prot. N. 89/78 – 17498), a rendu publiques les normes qui regardent les personne qui, pour des motifs graves et divers, ne peuvent absorber du pain normalement confectionné ou du vin normalement fermenté.
a) “Les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide pour la célébration de l’Eucharistie. Sont, par contre, matière valide, les hosties partiellement privées de gluten et celles qui contiennent la quantité de gluten suffisante pour obtenir la panification, sans que l’on y ajoute des matières étrangères et qui n’ont pas été confectionnées selon des procédés susceptibles de dénaturer la substance du pain” (A. 1-2).
b) “Le moût c’est-à-dire le jus de raisin, frais ou conservé, dont on suspend la fermentation grâce à des procédés qui n’en altèrent pas la nature (par exemple dans le cas de la congélation), est une matière valide pour l’Eucharistie” (A. 3).
c) “Les Ordinaires sont compétents pour concéder, aux prêtres ou aux fidèles, la licence d’utiliser comme matière eucharistique du pain comportant une faible teneur de gluten ou du moût. Cette licence peut être concédée, de manière habituelle, tant que dure la situation qui l’a motivée” (C.1).
5. De plus, la même Congrégation a décidé que la matière eucharistique préparée avec des organismes génétiquement modifiés peut être considérée une matière valide (cf. Lettre au Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, 9 décembre 2013, Prot. N. 89/78 – 44897).
6. Ceux qui confectionnent le pain et produisent le vin pour la célébration doivent être vivement conscients que leur œuvre est orientée au Sacrifice Eucharistique, et ceci demande, de leur part, honnêteté, responsabilité et compétence.
7. En vue de l’observance de ces normes générales, les Ordinaires peuvent, s’ils le jugent opportun, se mettre d’accord au sein des Conférences Episcopales, en donnant des indications concrètes. En tenant compte de la complexité des situations et des circonstances, de même que de la disparition du respect pour les choses sacrées, on sent qu’il est devenu nécessaire, du point de vue pratique, qu’il y ait quelqu’un qui puisse garantir effectivement, à la demande de l’Autorité compétente, l’authenticité de la matière eucharistique de la part des producteurs, ainsi qu’une distribution et vente qui soient convenables.
On suggère, par exemple, qu’une Conférence Episcopale puisse demander à une ou plusieurs Congrégations religieuses, ou encore à un autre Organisme idoine, de vérifier la production, la conservation et la vente du pain et du vin pour l’Eucharistie dans un pays donné ainsi que dans les autres pays où ces produits seraient exportés. On recommande en outre que, dans les lieux de vente, le pain et le vin destinés à l’Eucharistie soient traités de la manière qui convient à leur usage.
Du siège de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrement, le 15 juin 2017, en la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
Robert Card. Sarah
Préfet
+ Arthur Roche
Archevêque Secrétaire