Dans une tribune d’Azur Guirec, L’Homme Nouveau présente ce mouvement né il y a peu pour défendre les enfants à naître. Leur nom “Les Survivants” dit tout de ce qu’ils sont et donne une force particulière à leur action.
Le mouvement des Survivants créé cette année se fait de plus en plus entendre dans le monde médiatique. Ce groupe de jeunes désire reposer la question de l’IVG dans une société où celle-ci est tout à fait normalisée. Grâce aux outils de communication, leur maîtrise de l’image et des stratégies médiatiques, ils assaillent le web de leur présence. Ils ne se targuent pas de vouloir abolir l’avortement, mais souhaitent mener une réflexion sociétale par la relecture de la loi Veil, de l’histoire de la contraception et de l’avortement. « La meilleure IVG est celle qu’on évite », car elle représente toujours « un échec collectif ». Alerter sur ce qu’est l’avortement, promouvoir un soutien aux femmes, proposer des alternatives, dénoncer la pression sociale et politique, c’est ce que demande pacifiquement ce mouvement.
Des actions redoutées
Le 4 juin, ils ont organisé à Paris une première action. Entourés de scotchs sur lesquels était écrit « conforme » ou « non-conforme », ils scandaient « Un sur cinq/Survivants », signifiant qu’un enfant sur cinq ne naît pas, et que nous sommes tous des survivants. La violente contre-manifestation des pro-IVG, annoncée par la hargne des commentaires sur leur page Facebook, leur a prouvé que ce qu’ils pointent est brûlant, que leur combat sera difficile et demandera de la finesse.
Au début de l’été, l’équipe a mené une opération Pikachu. Quelle meilleure idée que d’exploiter le jeu Pokémon Go, frénésie estivale, pour provoquer un véritable débat de société ? S’emparant de cette opportunité, ils ont créé un site « sauvezpikachu.com », consistant à présenter sous la forme du jeu Pokémon Go une histoire charmante entre deux Pokémon : l’une tombant enceinte, le joueur doit intervenir pour choisir de garder ou non le bébé Pikachu. Quelle que soit la réponse, il est redirigé vers le site des Survivants. L’emploi de « pikachu » dans leur nom de domaine leur a permis un excellent référencement sur Google.
Actuellement, ils multiplient les sites proposant une autre lecture de l’IVG et de l’aide aux femmes enceintes en situation de détresse : toute grossesse présentant une phase de détresse, cette dernière mérite d’être pesée. L’amendement proposé par Laurence Rossignol voulant interdire tous les sites qui pourraient s’apparenter à des sites pro-vie (dits anti-IVG), et le renforcement des sites pro-IVG prouvent que ceux à qui le mouvement s’oppose ne restent pas de marbre.
Ce 4 octobre, leur campagne plus positive s’est nommée « Merci d’exister ! ». Plutôt que d’adopter un discours militant et revendicatif, et de saborder l’émission, les jeunes ont décidé de jouer la carte bon enfant en remerciant simplement le présentateur d’exister ! Ils contrarient ainsi l’étiquette abusive « violents » que leur colle aisément le monde médiatique auquel ils s’adressent. Apparemment simpliste, cette action est pourtant originale et habile. Les défenseurs de la cause survivante savent que leur message est difficilement audible, que ce sujet violent, ancré dans les habitudes sociales, est à manier subtilement.
Leur force, c’est d’utiliser les outils que la société leur offre. Ils maîtrisent l’art de communiquer, ils savent user des réseaux à leur avantage. C’est en cela qu’ils représentent un adversaire de taille pour le gouvernement et les structures de pensée contemporaines. Mais c’est un mouvement encore très récent, qui demande un grand travail de fond qui aille de pair avec cette technique, afin d’assurer une formation solide aux membres, formation que la problématique rend d’autant plus essentielle.
Originalité, inventivité, effet de surprise, actions multiples, telles sont les forces de cette jeunesse audacieuse encore neuve.