Le PCD depuis longtemps parle du revenu universel. Jean-Frédéric Poisson le propose dans son programme pour la Primaire des républicains et l’idée fait son chemin.
Cependant tout le monde n’est pas d’accord sur l’opportunité de cette mesure, considérée comme une utopie par certains.
Pour l’Homme Nouveau Yves Chiron, donne un éclairage tout en exprimant son propre point de vue.
Revenu universel, salaire à vie ou allocation unique, l’idée refait surface en cette période électorale. Les solutions sont diverses et les arguments sont multiples. Mais quelle idée du travail ces projets véhiculent-ils ? En outre, l’assistanat ne saurait être la panacée universelle.
Née chez certains utopistes du XVIe siècle, reprise aux débuts de la Révolution, l’idée revient périodiquement dans le débat politique. En 2006, Christine Boutin avait déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à créer un « dividende universel », calculé à partir de la richesse nationale et attribué mensuellement à tous, actifs ou non. Aujourd’hui différents candidats socialistes à la primaire de gauche (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann) comme l’éphémère candidat à la primaire de droite Frédéric Lefèvre font des propositions similaires. Le revenu universel, appelé parfois « revenu de base », est généralement défini comme un revenu distribué de manière inconditionnelle à l’ensemble des citoyens.
Des avis partagés
Les défenseurs d’un tel projet ne sont pas unanimes sur sa mise en œuvre et son financement, ni même sur le montant alloué et les objectifs poursuivis. Certains économistes estiment qu’il faut se contenter de mettre en place une allocation universelle qui permettrait de remplacer la dizaine de minima sociaux catégoriels qui existent déjà (allocation adulte handicapé, RSA, allocation de solidarité spécifique, minimum vieillesse, etc). Cette simplification permettrait de faire des économies de gestion et de distribution et d’opérer une refonte globale du système de protection sociale.
Pour d’autres, il devrait s’agir plutôt d’un revenu universel qui doit accompagner une tendance historique de long terme. Les sociétés développées seraient incapables de créer suffisamment d’emplois, le développement de la numérisation et de la robotique détruisant encore davantage de postes de travail. En janvier dernier, le Conseil national du numérique dans un?rapport remis au ministre du Travail envisage l’instauration d’un « revenu de base » pour « décorréler revenus et travail » et parce que « le travail n’est pas obligatoirement à concevoir comme le moyen privilégié de l’intégration à la fois économique et sociale ».
Quelle validité morale ?
Franck Margain, conseiller régional d’Île-de-France et président délégué du Parti Chrétien-Démocrate, estime que l’idée d’un revenu universel est en accord avec la doctrine sociale de l’Église, « car il garantit l’équité des citoyens entre eux. C’est aussi la reconnaissance de la contribution de chacun pour le bien de la société, même si l’on n’est pas salarié ».
Sans parler du coût d’une telle mesure (une allocation universelle de 750 euros par mois coûterait 565 milliards d’euros par an), on peut s’interroger sur sa validité morale. Un revenu universel, accordé par la société, en complément des revenus d’activité, ne serait-il pas une institutionnalisation de l’assistanat ?
Le travail a évolué dans l’Histoire, et sans doute les formes nouvelles de l’activité et de la production (automatisation, numérique, télétravail, production 3D, développement de l’auto-entreprise, etc.) font évoluer considérablement les conditions de travail ou de rémunération. Mais la fin du travail n’est pas pour demain. Depuis la chute originelle, le travail fait partie intégrante de la condition humaine. Saint Jean-Paul II, lors de sa première rencontre officielle avec le monde ouvrier italien à Pomezia en septembre 1979, rappelait que le travail est à la fois « peine et récompense de l’activité humaine ». Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église, s’il définit un « droit au travail », affirme aussi, en trois longs paragraphes, le « devoir de travailler » : « Aucun chrétien, du fait qu’il appartient à une communauté solidaire et fraternelle, ne doit se sentir en droit de ne pas travailler et de vivre aux dépens des autres ».
Si la solidarité doit suppléer, pour un temps plus ou moins long, à l’impossibilité temporaire ou durable de travailler (handicap, âge, chômage), dissocier de façon permanente revenu et activité est une illusion quasiment contre-nature.