En lisant le titre du Figaro, “le pape appelle la France à approfondir ses valeurs républicaines”, j’avoue m’être dit qu’enfin nous aurions une définition de ces valeurs brandies comme un talisman mais jamais vraiment identifiées. J’en fus pour mes frais, mais si la délégation d’élus rhones-alpins reçue par le pape autour du cardinal Barbarin, y réfléchit à deux fois, c’est la république qui en est pour ses frais.
Il semble que pour le Saint-Père les valeurs en question soient la trilogie “liberté, égalité, fraternité”. Trois mots qui résonnent assez bien aux oreilles catholiques, mais, comme le précise le pape François, il s’agit de ne pas en rester aux slogans pour aller aux fondements de ces valeurs.
“Indéniablement, la société française est riche de potentialités, de diversités qui sont appelées à devenir des chances, à la condition que les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité ne soient pas seulement brandies de manière incantatoire, mais soient approfondies et comprises en référence à leur vrai fondement, qui est transcendant. C’est tout l’enjeu d’un véritable débat sur des valeurs et des orientations reconnues communes à tous.”
François-Xavier Bellamy vous expliquerait, à juste titre, qu’il y a un petit problème dans cette juxtaposition “valeurs” et fondements”. Du reste l’invitation à approfondir les valeurs peut s’entendre de deux manières : aller au fond ou élargir sa connaissance. Le problème de la notion de valeur est d’être relatif. Une valeur est toujours référée à quelque chose. Tandis qu’un fondement est un socle intangible. Aussi approfondir les valeurs de la république conduit naturellement à en chercher les fondements, ou pour le moins l’étalon de mesure. Ce qui, au final, revient à poser la question : quelle est la norme qui qualifie les valeurs de la république ? Question subsidiaire : sur quels fondamentaux, repose le socle républicain et au-delà l’ensemble des lois de la république ?
Et c’est bien là que le flou s’installe, car personne en France n’est d’accord sur les fondements de la république. A quelles lois fondamentales obéissent nos lois, plus personne ne veut donner de réponse, à l’heure du relativisme et du communautarisme.
Aussi l’invitation du pape est-elle bien “jésuite”, car approfondir les valeurs de la république impose de retrouver la question du sens et du socle. En ce sens, la question suppose la transcendance. Invitation espiègle pour qui veut y répondre, tant la réponse révèle le chaos tectonique, le sable sur lequel repose notre maison commune.
A côté de cette question des valeurs, le Saint-Père est revenu sur ses préoccupations internationales. Face à un monde enfermé dans la peur il a invité à œuvrer au Bien commun et à l’intérêt général. Deux notions elles-aussi contradictoires que le grand public amalgame facilement. Pourtant, le bien n’est pas l’intérêt et ce qui est général n’est précisément pas commun. Là où l’intérêt général milite pour le plus petit dénominateur commun, le bien commun oeuvre pour le bien de tous au détriment d’aucun.