Mais qui est donc cet instituteur de Malicornay, et qu’a-t-il fait de si grave pour mériter d’être suspendu au mois de mars, puis déplacé récemment par décision de la commission de discipline de l’inspection académique de l’Indre ? Et bien voilà : cet enseignant (qui souhaite rester anonyme) a osé lire à ses 25 élèves de CM1-CM2, plusieurs passages de la Bible.
Or ceci, en France, aujourd’hui, est une atteinte grave au principe de laïcité…
Au commencement était la délation (des méthodes qui nous rappellent les heures sombres de notre histoire, pour parler comme les professionnels de la bonne conscience…)
Tout commence le 29 janvier dernier. Ce jour-là, l’inspecteur d’académie de Châteauroux, reçoit une lettre anonyme. Le genre de courrier que, par principe, un homme honnête jette immédiatement au panier. Un homme honnête, sans doute. Mais un « commissaire politique », non.
Et c’est ainsi que la lettre de dénonciation calomnieuse a retenu toute l’attention dudit « commissaire » et inspecteur d’académie de son état, Monsieur Pierre-François Gachet. Car comme il le déclare lui-même, « l’Éducation nationale prend très au sérieux la question du devoir de neutralité et de respect de la laïcité ».
Alors son sang ne fait donc qu’un tour. Une enquête est aussitôt diligentée et l’enseignant mis hors d’état de nuire : inspecté dans sa classe dès le lendemain, il est rapidement convoqué et suspendu « à titre conservatoire ».
Une affaire rondement menée. On n’en fait pas autant avec les fichés S…
Un dangereux prosélyte chrétien
Depuis le début de cette affaire, l’enseignant se défend d’avoir voulu faire du prosélytisme en classe. Comme l’explique son avocat, Me Jean-Raphaël Mongis, son « client est un agnostique, marié civilement et dont les enfants ne sont pas baptisés. Tout ça relève de considérations idéologiques bien extérieures à l’intérêt général ».
L’instituteur est défendu par le maire du village et la majorité des parents d’élèves, qui ont tenu à organiser un rassemblement de soutien à Châteauroux, devant l’inspection académique.
Mais qu’importe !
Puisque la machine administrative a été mise en branle, il convient d’aller jusqu’au bout. Même si ça n’a aucun sens. Même si c’est injuste et même si c’est quasi-illégal. Car selon la charte de 2013, le principe de laïcité n’empêche nullement de parler de religion à l’école. En avril 2015, Mme Vallaud-Belkacem avait même affirmé sa volonté que « l’enseignement laïc du fait religieux soit bien assuré ».
Mais ça ne vaut peut-être pas pour la Bible…
Et c’est ainsi qu’après avoir été suspendu pendant plusieurs mois, l’instituteur de Malicornay va finalement être muté d’office par une sanction décidée par la commission de discipline de l’inspection académique de l’Indre, le vendredi 2 juin dernier. Maitre Mongis, son avocat, précise que « selon les calculs de l’administration elle-même, l’enseignant n’a consacré que six heures à l’étude de textes bibliques entre la rentrée de septembre et sa suspension fin février».
Assurément, 6 heures d’études du fait religieux en 6 mois ne risquait guère de transformer les élèves en dangereux chrétiens.
De leur côté, les syndicats prennent eux-aussi la défense de l’instituteur : « Une grande partie de ses activités tournaient, peut-être maladroitement, autour du fait religieux. Mais il semble qu’à aucun moment ce collègue n’ait manifesté de conviction religieuse », réagit le secrétaire général du SE-Unsa Christian Chevalier, qui juge la mesure « extrêmement lourde et stigmatisante ». « On n’est quand même pas en présence de faits de pédophilie ! »
Quant à l’intéressé lui-même, il déclare s’être appuyé sur le rapport Debray de 2002 qui a renforcé « l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque ».
« Pendant mes quatre mois de suspension, je me suis remis en question, s’est-il livré, à l’issue de la réunion. J’ai consulté des spécialistes du fait religieux et de nombreux intellectuels. J’en suis arrivé à la conclusion que mon travail ne pouvait absolument pas être incriminé. Je suis aujourd’hui convaincu qu’il était conforme au programme du ministère de l’Éducation nationale. »
Et l’instituteur de Malicornay de prévenir : « Je n’accepterai aucune sanction ».
Et donc, il devrait faire appel et a besoin de votre soutien auprès de l’académie de l’Indre à qui cette pétition est adressée.